Emploi : chez la génération Z, il y a un "retour du collectif" et une recherche d'un métier "qui a du sens", selon l'anthropologue Elisabeth Soulié
"Il y a un retour du nous, du collectif" chez les diplômés qui font leur entrée sur le marché du travail, explique Elisabeth Soulié, anthropologue, essayiste et autrice de La génération Z aux rayons X (aux éditions du Cerf).
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Invitée du Talk franceinfo, jeudi 2 mars, elle raconte ce que ces moins de trente ans lui ont confié en entretien : "Le nombre de fois où ils me disent : 'Je préfère avoir un métier, une tâche presque moins intéressante, mais le faire en collectif, le faire ensemble'."
"Les attentes ne sont plus du tout les mêmes. Je ne suis plus là pour me réaliser au sein de ma boîte, mais pour faire quelque chose ensemble".
Elisabeth Soulié, anthropologueà franceinfo
Selon l'anthropologue, la génération née après 1995 aspire à "des projets qui puissent avoir un impact dans nos quotidiens, dans le concret des gens". "La notion de sens, poursuit-elle, elle se situe sur quelque chose qui est extrêmement précis. Ils me disent : 'Les utopies, c'est hyper lourd à porter même par rapport à l'écologie, ce qui est important, c'est concrètement à quoi ça sert ce que l'on fait." Elle décrit des jeunes salariés à la recherche "de missions beaucoup plus courtes avec des projets dans lesquels ils peuvent voir tout le processus".
Le travail reste une valeur centrale
De nouvelles recrues qui ne sont plus forcément prêtes à accepter les conditions de travail auxquelles les générations précédentes ont consenties, comme l'illustre le mouvement du "quiet quitting" (démission silencieuse), relayé notamment sur TikTok. "Il y a une déconnection entre ce qu'on attend du travail et ce qu'on ne peut pas avoir du travail", observe Daphnée Breton psychologue du travail.
La génération Z va mettre en place "une sorte de stratégie individuelle et qui devient collective parce qu'un certain nombre est dans cette démarche de protection".
Daphnée Breton appelle cependant à ne pas stigmatiser "cette jeunesse qui serait feignante, moins impliquée dans le travail, dont la place du travail ne serait pas centrale. Les chiffres diminuent, pointe la psychologue, mais ils restent quand même très élevés. Dans la dernière enquête de la fondation Jean Jaurès, 60 % des répondants placent le travail en premier lieu".
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