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Assurance chômage : la CFE-CGC critique des mesures qui, "de manière générale, s'attaquent aux chômeurs et à leurs droits"

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Article rédigé par franceinfo
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François Hommeril, président de la CFE-CGC, dénonce l'injustice des mesures de la réforme de l'assurance chômage annoncées mardi par le gouvernement. 

Le gouvernement a présenté mardi 19 juin une vaste réforme de l'assurance chômage, qui prévoit notamment de baisser les indemnisations des cadres. Les salariés qui ont un salaire supérieur à 4 500 euros bruts par mois verront à partir du 1er novembre leur indemnisation réduite, au début du septième mois d’indemnisation, de 30 %. Pour François Hommeril président de la CFE-CGC, syndicat représentant les cadres, invité de franceinfo mercredi, "la dégressivité ne fonctionne pas".

franceinfo : Etes-vous satisfait des mesures annoncées ?

François Hommeril : Non, pas du tout. Ce sont des mesures qui, de manière générale, s'attaquent aux chômeurs et à leurs droits. Il y a une mesure qui paraît positive : celle qui concerne le fonctionnement de Pôle emploi. Aujourd'hui, Pôle emploi est une entreprise dans laquelle les salariés ont de grosses difficultés pour exercer leur métier. Leur métier, c'est l'accompagnement des chômeurs, l'accompagnement vers la requalification et vers l'emploi. La conduite de l'entreprise à travers la maîtrise des chiffres, le fait de toujours cocher les cases, a conduit à dévaluer le métier. Le gouvernement semble vouloir se saisir de ce dossier-là et retravailler sur ce sujet, c'est plutôt une bonne chose.

Que pensez-vous de la volonté d'instaurer une dégressivité pour les allocations les plus élevées ?

On peut la regarder sous différents angles : d'abord, la dégressivité ne fonctionne pas. Cela a existé en France dans le régime de l'assurance chômage dans les années 1990. Et cela a été abandonné. Cela pousse les gens à accepter des emplois moins qualifiés que leur niveau de revendication par rapport à leur expérience et leur compétence, et donc ça les pousse un peu plus vite dans la trappe de la précarité. Nous avons abandonné ce système-là pour un système d'allocations de niveau standard employé dans de nombreux pays d'Europe, ce qui permet aux bénéficiaires d'avoir un peu plus de distance pour pouvoir travailler sur leur requalification et leur réinsertion dans le marché de l'emploi.

L'exécutif invoque une question de justice sociale…

C'est l'argument le plus indigne qui soit, le plus populiste. Invoquer la justice sociale pour justifier d'un argument qui n'est qu'un argument économique, injustifié sur le plan scientifique, sur le plan de l'expérience, je trouve cela particulièrement indigne. Je le mets en relation avec le fait que la catégorie des cadres, justement, est celle qui finance le plus la solidarité inter catégorielle qui est dans le régime, et lui permet aujourd'hui d'exister. Aujourd'hui, ce sont plus de dix milliards d'euros qui passent dans la solidarité inter catégorielle. Autrement dit, c'est parce qu'il y a des cotisations assises sur les salaires des cadres que l'on peut verser des allocations à ceux qui ne sont pas cadres et sont plus éloignés de l'emploi qu'eux.

Autre argument de l'exécutif : les cadres sont, en moyenne, proches du plein-emploi, et retrouvent plus facilement un travail…

Je le dis franchement : l'exécutif dit n'importe quoi, et en plus il le sait. La moyenne, ce n'est personne. Un cadre expérimenté de plus de 50 ans est la cible des plans sociaux dans les entreprises aujourd'hui. Au-delà de 45 ans, on est cher, et les entreprises vous licencient et vous remplacent par quelqu'un qui est un peu plus jeune, peut-être un peu plus créatif, mais en tout cas beaucoup moins cher.

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