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Baisse du chômage : "Le phénomène vraiment spectaculaire concerne les jeunes femmes", constate un économiste du CNRS

Philippe Askenazy, économiste du travail au CNRS, explique vendredi sur franceinfo cette baisse spectaculaire par les pénuries de main-d'œuvre dans des secteurs comme le commerce ou la restauration.

Article rédigé par franceinfo
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Une agence Pôle emploi, à Kehl, le 10 février 2022. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

La baisse du chômage "vraiment spectaculaire concerne les jeunes femmes", constate ce vendredi sur franceinfo Philippe Askenazy, économiste du travail au CNRS. "Il faut remonter à 1978 pour avoir un taux de chômage des jeunes femmes aussi bas", indique-t-il. Le taux de chômage est passé sous la barre de 8%. Il baisse aussi particulièrement chez les jeunes. Une chute de 3,5 points au dernier trimestre de l'année 2021.

franceinfo : La baisse du chômage concerne quelle population exactement ?

Philippe Askenazy : D'après les chiffres que l'on a, il y a à la fois les hommes, les femmes, les différents niveaux de qualification, en études ou pas. Pour toutes ces catégories, tout du moins, dans les derniers trimestres, il y a une baisse significative du taux de chômage qui est effectivement une très bonne nouvelle. Maintenant, si on regarde dans le détail, le phénomène vraiment spectaculaire concerne les femmes. Au dernier trimestre, pour la première fois depuis cinquante ans, le taux de chômage des jeunes femmes est plus faible que le taux de chômage des jeunes hommes. Donc, il y a eu une baisse de cinq points pour les femmes et il faut remonter donc à 1978 pour avoir un taux de chômage des jeunes femmes aussi bas.

Comment expliquez cette baisse ?

Si on se concentre donc sur les femmes qui est vraiment le point à nouveau exceptionnel, (…) c'est très clairement les pénuries de main-d'œuvre dans des secteurs comme le commerce, comme la restauration, où il y a des embauches assez importantes de plusieurs dizaines de milliers supplémentaires de jeunes femmes. Cela correspond très probablement à une baisse des exigences de la part des employeurs qui, auparavant, exigeaient notamment d'avoir de l'expérience et qui désormais prennent des jeunes, même sans expérience sur ce type d'emploi. Et à nouveau, des jeunes qui pouvaient être hors études, mais aussi des étudiants qui, en sus, essayent d'avoir des rémunérations complémentaires après une période, je vous rappelle, de confinement. Pour beaucoup, ils avaient perdu leurs revenus, donc il faut avoir aussi une vision un peu nuancée de la situation.

Est-ce que cette baisse du chômage peut être l’effet de certains dispositifs mis en place par le gouvernement ?

Oui, tout à fait. On voit une forte montée du nombre d'apprentis qui viennent en substitution de stagiaires classiques et d'autres types de contrats aidés. Ces éléments de subvention aident aussi à la décision d'un employeur entre ne pas recruter et prendre un jeune, même sans expérience. Ces dispositifs doivent jouer à nouveau sur un environnement qui est plutôt aujourd'hui favorable pour les jeunes. Est-ce que cela va être une tendance qui va se prolonger ? Potentiellement pas. On a peut-être une marche de baisse du taux de chômage des jeunes. Est-ce que durablement, on va avoir une poursuite de celle-ci, c’est moins évident puisqu'on a quand même une part des jeunes qui sont peu formés en France. Les problèmes structurels de discrimination de certaines populations sont aussi toujours présents.

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