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Réforme de l'assurance chômage : et si la France s'inspirait du Canada ?

Olivier Dussopt, le ministre du Travail, évoquait ce mercredi la possibilité de mettre en place un modèle semblable à l'assurance chômage canadienne.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La réforme de l'assurance chômage devrait commencer à entrer en vigueur à l'été 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le ministre du Travail dit vouloir "aller plus loin" sur la réforme de l'assurance chômage. Olivier Dussopt appelle à "réfléchir à l'étape d'après", estimant que nos règles d'indemnisation doivent aussi tenir compte de la situation du marché de l'emploi. 

Parmi les exemples que la France pourrait suivre, la Canada. "Quand ça va bien, on durcit les règles et, quand ça va mal, on les assouplit", résume le ministre pour expliquer le système canadien. "Plus ce taux de chômage est élevé localement, plus l'indemnisation est généreuse", simplifie Olivier Dussopt.

>> Pénurie de main d'œuvre : le gouvernement envisage de lancer très vite la réforme de l'assurance chômage

Effectivement, au Canada la protection n'est pas la même pour tous. Le montant des indemnités versées varie d'une région à l'autre, en fonction d'un critère : le taux de chômage régional. Le principe est plutôt simple : plus ce taux de chômage est élevé localement, plus l'indemnisation est généreuse.

Concrètement, dans la région économique de Calgary, dans la province d'Alberta, où le taux de chômage s'élève à 13 %, vous aurez droit à trente semaines d'indemnisation, calculées sur les quatorze meilleures semaines, à condition d'avoir travaillé au moins 420 heures. En revanche, si vous êtes dans la même situation, mais que vous habitez à Ottawa dans l'Ontario, le taux de chômage n'est que de 6 %. Il faut donc avoir travaillé plus d'heures pour avoir droit au chômage. Le calcul sera fait sur une période de référence un peu plus longue, ce qui est généralement moins avantageux, et l'aide ne sera versée que sur 16 semaines. Dans le premier cas, vous toucherez donc plus de 400 dollars pendant six mois, et dans l'autre, 350 dollars pendant 3 mois.

Un système applicable en France ? 

Pour les Canadiens, ce modèle permet d'enclencher un retour à l'emploi plus rapide. Selon une étude de l'Unedic, 40 % des demandeurs d'emploi au Canada restent au chômage pendant moins d'un mois. En France, c'est l'exact opposé : près de 40 % restent au chômage pendant plus d'un an. 

Certains économistes estiment que ce n'est pas forcément un modèle à suivre, jugeant qu'il serait compliqué de le mettre en place chez nous. L'économiste Bruno Coquet, expert de l'assurance chomage associé à OFCE, se questionne : "Qu'est-ce cela résout comme problème ?Il rappelle également qu'en France, "près d'un chômeur sur deux n'est pas indemnisé", et ne peut donc pas être suspecté de vouloir profiter du système.

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