La Cour des comptes épingle le peu "d'efficacité" de Pôle emploi
Les magistrats pointent notamment "des coûts croissants" et une "dispersion des moyens".
Un chômage en hausse et un Pôle emploi sur la selette. La Cour des comptes épingle l'opérateur public et notamment son "efficacité" insuffisante dans la lutte contre le chômage, dans un projet de rapport cité mercredi 1er juillet par le Parisien/Aujourd'hui en France.
Dans une réponse adressée le 8 juin à la Cour, François Nogué, président du conseil d'administration de Pôle emploi, "regrette que ce rapport méconnaisse la réalité du travail quotidien" et craint son "impact négatif en termes de motivation pour des agents qui se trouvent depuis des années en première ligne de la crise".
Francetv info détaille ce qu'il faut retenir de cette étude.
Des chômeurs mal accompagnés
"La question de l'efficacité de l'opérateur est régulièrement posée par les utilisateurs", écrivent les auteurs du rapport, qui estiment que "Pôle emploi ne serait à l'origine directe de la reprise d'emploi que dans 12,6% des cas". C'est pourquoi "les résultats obtenus en matière de taux de retour à l'emploi sont décevants". Ce taux défini par rapport au nombre mensuel de demandeurs d'emploi reprenant un travail et leur nombre total est passé de 5,3 % en 2008 à 3,8 % en 2013, précise Le Parisien.
Les sages critiquent également le repositionnement de l'opérateur public, qui consiste à faire de l'accompagnement des chômeurs son nouveau cœur de métier. Si les conseillers suivent désormais 70 personnes au maximum, la Cour des comptes estime que seulement 290 000 chômeurs en bénéficient. Pour les autres ? Il sont "incités à utiliser prioritairement les services en ligne". "De fait, le risque est réel de voir Pôle emploi évoluer vers un appui à une petite partie des demandeurs d'emploi, au détriment de sa fonction d'intermédiaire sur le marché du travail", analyse le rapport.
Des coûts qui explosent
D'après Le Parisien, les magistrats de la Cour des comptes pointent "des coûts croissants". Avec plus de 53 000 agents, le budget de fonctionnement atteint les 5 milliards, contre 3 milliards en 2013. Plus des deux tiers de ce budget sont consacrés aux seules charges de personnel. Avec la fusion de l'ANPE et de l'Unedic en 2008, le "surcoût salarial annuel (...) est à lui seul supérieur à 200 millions d'euros". La nouvelle convention collective, destinée à assurer la "paix sociale" au sein de Pôle emploi, a ainsi entraîné une augmentation du salaire brut annuel de 22,3% (7 052 euros) par bénéficiaire.
Des offres d'emploi en chute
Le nombre des offres collectées a globalement diminué de 3,6 millions en 2007, à 2,5 millions en 2014, constate le rapport, qui précise que "la mauvaise conjoncture économique n'est pas le seul facteur explicatif de cette évolution". Pour expliquer ce phénomène, les auteurs pointent un changement de stratégie de l'opérateur public. Pôle emploi ne cherche plus à rassembler un maximum d'offres, mais agrège celles paraissant sur d'autres sites internet afin que les demandeurs d'emploi les plus autonomes puissent y accéder.
Autre situation préoccupante pointée par la Cour des comptes : la prospection est ciblée uniquement sur les entreprises susceptibles d'embaucher les demandeurs d'emploi les plus en difficulté. Résultat, ce sont les administrations publiques qui sont les plus aidées, alors que les entreprises qui ont des offres difficiles à pourvoir sont laissées de côté.
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