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Biodiversité : trois choses à retenir sur la nouvelle étude alarmante sur la disparition des insectes

Une nouvelle étude, publiée dans la revue "Nature", conclut à une accélération de l'effondrement des populations d'arthropodes, dans les forêts et prairies d'Allemagne.

Article rédigé par franceinfo
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Dans les prairies allemandes, la population d'arthropodes a chuté de 78% entre 2008 et 2017, selon une étude publiée dans la revue scientifique "Nature". (SOEREN STACHE / DPA-ZENTRALBILD / AFP)

Les insectes sont en train de disparaître plus rapidement qu'on ne le pensait. C'est la conclusion d'une récente étude sur les arthropodes, publiée dans la revue Nature (en anglais), jeudi 31 octobre. Les arthropodes forment un embranchement du règne animal qui réunit plus d'un million d'espèces : insectes, araignées, mais aussi cloportes, scorpions ou crabes… Wolfgang Weisser et Sebastian Seibold, chercheurs à l'université de Munich (Bavière), ont concentré leurs recherches sur les arthropodes qui vivent dans les prairies et les forêts, sur près de 300 sites dans trois régions d'Allemagne. Ils ont ausculté un million d'individus capturés entre 2008 et 2017, recensé les 2 700 espèces et estimé l'évolution de leurs populations.

Le résultat est alarmant pour la biodiversité et confirme les précédentes études parues en février 2019 et octobre 2017"Il y a vingt ans, je n'aurais pas cru qu'un tel effondrement fût possible. Je pensais que la plus grande part du déclin des insectes avait eu lieu dans les années 1950-1960, avec la grande période de transformation de l'agriculture européenne", explique Wolfgang Weisser au Monde.

Franceinfo résume les principaux enseignements de cette étude.

Les prairies ont perdu 78% de leur population d'arthropodes

Les chercheurs ont analysé à la fois le nombre d'individus et leur biomasse, c'est-à-dire leur poids total. Pour ces deux indicateurs, les chiffres sont sidérants. Dans les prairies, la population d'individus capturés a chuté de 78% et leur biomasse de 67%. Dans les forêts, le déclin est respectivement de 36% et 41%.

"Les études précédentes portaient soit exclusivement sur la biomasse (...) soit sur des espèces individuelles ou des groupes d'espèces. Le fait qu'une grande partie de tous les groupes d'insectes soit effectivement touchée n'était pas clair jusqu'à présent", explique Sebastian Seibold sur le site de son université (en anglais).

Cette étude est également la première à préciser "dans quelle mesure les forêts sont aussi affectées par le déclin des insectes".

Un tiers des espèces étudiées ont disparu

Certaines espèces ont tout simplement disparu. "Ces dernières années, certaines espèces rares étaient introuvables dans certaines régions étudiées. Aussi bien dans les zones forestières et que dans les prairies, nos scientifiques ont compté un tiers d'espèces en moins en dix ans", note l'université de Munich dans son communiqué accompagnant l'étude. Dans le détail, cette disparition est à peine plus marquée dans les forêts (36%) que dans les prairies (34%).

"En France, de rares données non encore publiées indiquent que l'effondrement des arthropodes est d'ampleur similaire à ce qui se produit en Allemagne", affirme Le Monde. Avec la disparition des populations d'insectes, c'est aussi "toute la faune insectivore", qui "s'effondre à une vitesse vertigineuse" : oiseaux, chauves-souris ou amphibiens.

L'agriculture, facteur numéro un

Comment expliquer un tel effondrement ? Pour les auteurs de l'étude, la réponse est claire. Tous les types de terrain observés – pâturages à moutons, prairies tondues et fertilisées, forêts de conifères exploitées pour le bois, forêts protégées – sont touchés par cette disparition. Mais "nos chercheurs ont identifié les pertes les plus importantes dans des prairies entourées par des terres agricoles exploitées de manière intensive", avec engrais et pesticides, souligne l'université de Munich.

De manière générale, dans les prairies, les espèces les plus touchées sont les moins mobiles. A l'inverse, dans les bois et forêts, les espèces les plus touchées sont les plus voyageuses, capables de couvrir de longues distances. Sur ce point précis, d'autres recherches sont nécessaires "pour déterminer si c'est dû au fait que les espèces les plus mobiles ont plus de contact avec l'agriculture, ou si c'est lié aux conditions de vie dans les forêts", estime l'un des auteurs de l'étude, Martin Gossner, cité par l'université de Munich.

Les auteurs notent enfin que les initiatives actuelles pour enrayer cette perte de biodiversité, qui menace par ricochet l'ensemble de la chaîne alimentaire, ont peu de chance de fonctionner puisqu'elles se concentrent sur "la culture de terrains individuels", sans lien les uns avec les autres. "Pour stopper ce déclin, nos résultats indiquent qu'il faut plus de coordination aux niveaux régional et national", estime Sebastian Seibold.

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