Concurrencés par l'Espagne, les producteurs de melons français traversent une crise de surproduction inquiétante
Dans le Sud-Ouest, les producteurs de melons peinent à vendre leur production. En cause, une surproduction liée notamment à la concurrence du melon espagnol.
Une consommation en panne, des prix en chute libre et la concurrence toujours plus aiguisé venue d'Espagne notamment... Les producteurs de fruits français sont inquiets et certains craignent même de ne pas passer l'été. C'est le cas notamment des producteurs de melons dans le Sud-Ouest de la France, comme Bernard Borredon. Producteur dans le Lot et président de l'Indication géographique protégée (IGP) Melons du Quercy, il décrit une filière en souffrance. "On doit être à 8 000 tonnes de melons produits depuis une semaine à peu près. Le melon espagnol représente 3 000 tonnes de plus." Avec une consommation de l'ordre de 4 à 5 000 tonnes, "la surproduction est réelle", constate-t-il.
Certains ne s'en sortent déjà plus
Conséquence, des prix en baisse et des producteurs français qui ne s'y retrouvent plus économiquement, "sauf sur certains créneaux où ils livrent en direct". Certains sont même obligés de jeter leurs melons, qui après quatre ou cinq jours ne sont plus vendables. "C'est de l'argent perdu pour nous", déplore Bernard Borredon.
Ça faisait quarante ans qu'on était producteurs de melons et on a arrêté cette année parce que depuis trois ans c'était trop compliqué.
Gilles, ancien producteur de melonsà franceinfo
Ce scénario n'est pas nouveau. Depuis plusieurs années maintenant, l'Espagne produit trois à quatre fois plus de melons que la France et ses fruits sont à la fois plus précoces et moins chers que les français. Gilles produisait jusque là sur les coteaux du Tarn-et-Garonne, où des centaines de paysans s'étaient convertis au melon ces dernières décennies. Mais devant l'accumulation des échecs, il a décidé de jeter l'éponge.
Le melon espagnol, plus précoce et moins cher
La faute, selon lui, à un décalage de calendrier entre les marchés français et espagnols. "On n'arrive pas à prendre notre place de marché. Quand on arrive entre le 15 et le 20 juin, il est déjà en place", explique-t-il. Les Espagnols produisent en outre les mêmes variétés que celles produites en France, du charentais jaune. Sauf que "là-bas, il y a plus de soleil et la main d'oeuvre coûte 7 euros alors qu'en France c'est entre 12 et 15 euros", souligne Gilles, qui a fini par abandonner. "Je perdais de l'argent."
Les producteurs qui s'en sortent le mieux sont ceux qui vendent des melons labellisés ou sous IGP, en circuits courts. Ils vendent leurs fruits jusqu'à deux fois plus cher et certaines grandes surfaces ont même accepté de valoriser des produits en réduisant leur marges, pour les afficher à peine plus cher que les melons venus d'Espagne.
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