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"Des agriculteurs sont dans une grande difficulté financière parce qu'on les a poussés à s'endetter", dénonce une spécialiste du monde paysan

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Article rédigé par franceinfo
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Alors que se tient le salon de l'Agriculture, Coline Sovran, membre de Terre de liens, pointe sur franceinfo le rôle joué par "les industriels" qui, selon elle, imposent "des pratiques, des normes" aux exploitants.

Dans le système de production agricole actuel, "l'agriculteur n'est pas celui qui gagne le plus, évidemment", rappelle Coline Sovran, membre du mouvement Terre de liens, qui aide notamment les paysans bio à s'installer, alors que se tient le Salon international de l'agriculture à Paris.

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Invitée du Talk franceinfo, mardi 28 février, elle explique que les producteurs "sont pris en étau" entre "l'amont de la production - les machines, les semences - et l'aval avec toute la partie transformation et distribution". "On a beaucoup mis de pression sur les agriculteurs avec la concurrence internationale", ajoute-t-elle. 

Coline Sovran pointe notamment le rôle joué par "les industriels" qui selon elle imposent "des pratiques, des normes, etc, qui font qu'aujourd'hui il y a des agriculteurs qui sont effectivement dans une grande difficulté financière parce qu'on les a poussés à s'endetter. A un moment en France, poursuit-elle, on s'est dit 'l'agriculture ça doit être comme ci, comme ça', et on n'a pas laissé les paysans et les paysannes développer leur activité comme ils l'entendaient."

"On ne leur demandait rien d'autre que de produire"

"Une pression sociétale", que le monde agricole n'a pas toujours subie, souligne pour sa part Etienne Fourmont, agriculteur en Sarthe et petit-fils d'exploitants agricoles. "Après guerre, durant les Trente glorieuses, on a demandé aux paysans de produire, produire pour nourrir la France et ils ont fait ce qu'on leur a demandé de faire, ils ont produit à fond, raconte l'agri-youtubeur. Et on ne leur demandait rien d'autre que de produire." 

Et de conclure qu'en deux générations, "la pression sociétale est devenue de plus en plus forte, la concurrence avec les pays européens que l'on ne connaissait pas il y a cinquante ans, elle est là aujourd'hui".

Etienne Fourmont évoque aussi la stigmatisation dont sa profession fait selon lui l'objet : "Il suffit que tu sois financièrement un petit peu compliqué, si en plus tu vois un reportage à la télé où on dit 'vous maltraitez vos animaux, vous êtes des pollueurs, c'est dégueulasse ce que vous faites, vous faites de la merde', tu te dis… A quoi bon ?"

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