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Drôme : après les orages et la grêle, la FNSEA réclame des avances de trésorerie pour aider les agriculteurs

Certains producteurs ont tout perdu après les orages qui ont frappé le département de la Drôme, samedi 15 juin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA, affirme comprendre "le désarroi et les larmes" des agriculteurs touchés par les intempéries dans la Drôme/ (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Aujourd'hui, leur travail est anéanti. C'est dramatique pour eux", a regretté dimanche 16 juin sur franceinfo Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, après les intempéries qui ont détruit les exploitations des agriculteurs de la Drôme, samedi. Certains producteurs de fruits ont perdu la totalité de leur récolte. Christane Lambert se rendra mercredi 19 juin dans la Drôme après une rencontre, mardi 18 juin, avec le ministre de l'Agriculture. "Nous allons donc demander qu'il puisse y avoir des avances de trésorerie pour les agriculteurs, qu'il puisse y avoir du chômage partiel". Pour elle, "il faut envisager tous les allègements de charges, ce qui permet de tenir pour ne pas avoir à mettre la clé sous la porte".

franceinfo : Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume annonce que l'Etat va décréter l'état de catastrophe naturelle et celui de calamité agricole. C'est la mesure à prendre tout de suite pour les arboriculteurs ?

Christiane Lambert : Oui, c'est essentiel et je salue le déplacement du ministre sur le terrain. C'est son département et c'est bien qu'il y soit allé en ce dimanche matin. J'ai eu au téléphone plusieurs dirigeants départementaux. Ils sont catastrophés, en larmes. Ce qui s'est passé est dramatique, et les images que l'on a pu voir le sont tout autant. Ils me décrivent des vergers où tous les abricots, tous les fruits sont tombés par terre. Des fruits qui étaient prêts à être cueillis, les salariés et les saisonniers étaient sur place, et on voit des abricots magnifiques complètement ravagés, par terre, abîmés par la grêle. Les producteurs ne vont pas avoir de récolte, donc pas de ressources, pas de rentrées d'argent. Ils ont embauché des salariés, donc il faut trouver une solution de chômage partiel. Il faut aussi enlever tous les fruits parce que sinon, ils pourrissent, et apportent des problèmes sanitaires dans les vergers. Et pour certains d'entre eux, c'est plus que les fruits qui sont abîmés, ce sont aussi des arbres. Il faudra aussi arracher des arbres. C'est une catastrophe épouvantable pour eux. Je comprends leur désarroi, leurs larmes.

Le ministre de l'Agriculture compte réunir les syndicats, notamment, d'ici mardi. Qu'est-ce que vous allez lui demander de plus ?

Je vois le ministre [Didier Guillaume] mardi soir et je me rendrai sur place moi-même mercredi dans la journée. Le même jour à Paris, il y aura une réunion du Fonds national de garantie des calamités agricoles, une grande caisse de solidarité qui existe au plan national depuis très longtemps. Elle est alimentée à 50% par les agriculteurs qui cotisent, et à 50% par l'Etat. Nous allons donc demander qu'il puisse y avoir des avances de trésorerie pour les agriculteurs, qu'il puisse y avoir du chômage partiel. Nous souhaitons aussi que la Région et le département de la Drôme puissent venir en aide ponctuellement. Je sais que Laurent Wauquiez [président de la région Auvergne-Rhône-Alpes] s'y est engagé. Il faut aussi envisager tous les allègements de charge, pour qu'ils [les agriculteurs sinistrés] n'aient pas à payer toutes leurs cotisations sociales, toutes leurs taxes foncières. Bref, faire tout ce qui leur permettra de tenir pour ne pas avoir à mettre la clé sous la porte. Il y a déjà un drame humain épouvantable, ces hommes qui pleurent au téléphone... Je vous assure, c'est très éprouvant. C'est dramatique pour eux.

Vous parlez du sort des salariés. Que va-t-il se passer pour eux ces prochains jours, ces prochaines semaines ?

Quand il n'y a plus de fruits à récolter, il n'y a malheureusement pas de travail pour les salariés. Il y en a, là, dans les semaines qui viennent. Il faut ramasser toutes les branches cassées, tous les fruits qui sont par terre et qui ne doivent pas être laissés. Et puis ensuite, nous avons déjà pris des contacts avec la Direction régionale de l'emploi dans le département (Direccte) de la Drôme et nous allons nous adresser aussi à la ministre du Travail Mme Pénicaud pour un accompagnement particulier. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle, il faut aller vite, être à l'écoute, et coller aux besoins.

Vous comptez aussi sur le soutien des assureurs. Que peuvent faire les assurances dans ce genre de situation ?

Les assurances jouent le jeu, mais le secteur arboricole a beaucoup de mal à trouver des contrats d'assurance. Ce sont des productions qui ont de très gros chiffres d'affaires par hectare, et donc les pertes sont très volumineuses. Ce qui fait que les contrats d'assurance sont coûteux, et c'est une vraie difficulté pour les producteurs. Je sais d'ailleurs que le ministre de l'Agriculture que nous avons sollicité sur ce sujet est plus sensibilisé au fait qu'il faut des contrats particuliers pour ces productions qui ont 40 000, 50 000, 70 000 euros de chiffre d'affaires par hectare. Ce sont des situations très différentes. Et puis, il faut aussi accompagner tous les agriculteurs qui peuvent protéger leurs vergers, toutes les mesures de prévention sont utiles, comme par exemple les filets anti-grêle. Sauf que là, malheureusement, avec des grêlons de la taille d'une balle de tennis, ça montre ses limites.

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