Environnement : la quasi-totalité des départements a perdu des terres agricoles entre 2008 et 2018
"La quasi-totalité des départements [français] a perdu des terres agricoles entre 2008 et 2018, à un rythme moyen de 0,2 % par an", alerte jeudi 5 octobre l'Institut national de l'information géographique et forestière. L'IGN publie l'édition 2023 de son Atlas annuel des cartes de l'anthropocène, en se penchant tout particulièrement sur la question de l'occupation des sols.
>> Sécheresse, érosion, artificialisation… En fait-on assez pour protéger les sols ?
Si les surfaces agricoles recouvrent la moitié du territoire français, reste qu'elles sont petit à petit grignotées. "L'étalement des villes et la transformation des sols agricoles en habitation, infrastructures ou zones commerciales en constituent la raison principale", explique l'institut national de géographie.
À cela s'ajoute, un taux d'urbanisation qui a grimpé de manière spectaculaire au cours du siècle dernier : il est ainsi passé de 53 % en 1936 à 81 % en 2020, avec "un pic dans les années 1970". "Depuis 1981, les terres artificialisées sont passées de trois à cinq millions d'hectares (+70 %), une croissance supérieure à celle de la population (+19 %)", alerte l'IGN. Cette urbanisation entraîne des effets "sur la capacité des sols à absorber l'eau et des conséquences sur la biodiversité".
L'intelligence artificielle comme outil de mesure
Pour analyser l'occupation des sols à partir d'images aériennes, l'institut s'est appuyé sur l'intelligence artificielle. Cela lui permet d'offrir une sorte de photographie de l'impact de l'artificialisation des sols dans chaque département et ainsi de mesurer à quel point les forêts et les champs ont été bétonisés ces dernières décennies. Sur son site internet, le gouvernement rappelle que chaque année "57 000 hectares disparaissent sous le béton ou le goudron". Or, "le sol est une ressource limitée", soutient le directeur général de l'IGN.
Sébastien Soriano indique, en introduction de l'Atlas, que l'occupation des sols traduit "des choix de société qu'il nous faut à présent penser à l'aune des enjeux environnementaux". De son côté, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu salue la publication de cette étude. Dans un édito, il reconnaît que les "défis climatiques nécessitent de repenser nos usages des sols". "En matière d'atténuation de nos émissions, comme d'adaptation de nos sociétés aux conséquences pour partie inéluctables du réchauffement climatique, l'usage de nos sols doit changer en profondeur", ajoute-t-il.
>> Météo : visualisez les records de chaleur mensuels battus lors du début du mois d'octobre 2023
En effet, selon l'IGN, le dérèglement climatique qui frappe le monde entier appelle à une adaptation des territoires. "La raréfaction de l'eau douce, la propagation des incendies et l'intensification des épisodes de pluie extrême demandent une réorganisation des espaces", exhorte l'institut.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.