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Lait contaminé : "Il y a une culture de l'opacité chez Lactalis", accuse le porte-parole de la Confédération paysanne

Après l'affaire du lait contaminé à la salmonelle, Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne, accuse jeudi sur franceinfo le groupe Lactalis de faire preuve d'opacité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. (PHILIPPE RENAULT / MAXPPP)

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé jeudi 11 janvier qu'il allait recevoir dans la soirée les représentants de la grande distribution. La direction de Lactalis sera convoquée à Bercy vendredi, pour faire un point sur la situation du lait contaminé à la salmonelle. 91 établissements ont été identifiés qui détenaient des boîtes de lait infantile qui auraient dû être retirés de la circulation. "Il y a une culture de l'opacité chez Lactalis", accuse, ce jeudi sur franceinfo, Laurent Pinatel, le porte-parole national de la Confédération paysanne. Il pointe également du doigt la responsabilité de l'État : "Qui est censé garantir une alimentation saine, de qualité ? C'est à l'Etat", affirme-t-il.


franceinfo : Qu'il y ait des lots contaminés vendus dans la grande distribution paraît assez invraisemblable...


Laurent Pinatel : Je pense qu'il y a une culture de l'opacité chez Lactalis. C'est l'une des rares entreprises françaises à ne pas respecter la loi sur la publication de ses comptes, elle préfère payer l'amende. Visiblement, à partir du moment où l'on a découvert ce problème, il y a eu des délais de réaction assez lents et du coup on a infesté toute une partie de la chaîne alimentaire par négligence ou par appât du gain. Comme dans l'épisode de la lasagne faite avec du cheval, toute la chaine agroalimentaire et de distribution n'est pas capable d'enrayer un problème quand il se pose. On a industrialisé la chaîne alimentaire, c'est quelque chose qui doit rester à taille acceptable, à taille humaine. On est face à des gens pour qui le profit est le seul objectif.


Ce sont forcément des questions économiques qui expliquent ce scandale ?

Ce n'est pas que cela : il y a de la négligence, peut-être une part de responsabilité humaine. Qu'un grand groupe comme Lactalis et que des grandes chaînes de distribution, qui se payent des campagnes de pub à millions "Regardez, venez acheter chez nous, on est merveilleux", ne soient même pas capables d'arriver à identifier des lots de laits contaminés, avec normalement une contrainte sanitaire forte, qu'ils ne soient pas capable d'arrêter la contamination, cela pose une question. Je ne crois pas à l'incompétence : on peut imaginer qu'il y a eu un passage en force en disant 'On verra ce qui se passe'. Aujourd'hui, alors que souvent on incrimine les producteurs fermiers de lait en disant 'Attention, c'est petit, c'est dangereux', on voit qu'à taille industrielle, il y a des risques industriels. La question qui se pose est de savoir si on doit continuer à confier l'alimentation de la population à des géants et des monstres comme cela ?


Bruno Le Maire annonce la convocation des acteurs de la grande distribution et la direction de Lactalis. C'est un petit tournant ?

Ce serait bien. Lactalis est en train de jeter l'opprobre sur l'ensemble de la filière laitière, il y a plein d'acteurs qui travaillent bien. Aujourd'hui, parce que le géant du lait en France ne travaille pas correctement, c'est l'ensemble qui risque d'en pâtir. Alors que ce n'est pas un problème laitier, ni de filière, c'est un problème de Lactalis. Mais il est gonflé Bruno Le Maire. Qui est censé garantir une alimentation saine, de qualité ? C'est à l'Etat. Et est-ce que l'Etat est allé faire des contrôles préventifs chez Lactalis ? Non, on a laissé Lactalis se contrôler soi-même. Il y a un déficit d'investissement de l'Etat dans le personnel pour contrôler et aller sanctionner en amont des gens comme Lactalis.

Que doivent faire les consommateurs ?

Les consommateurs ont le devoir de demander des comptes à l'Etat, à la distribution et à Lactalis. Il faut que l'Etat fasse retirer immédiatement les produits. Cela n'est pas normal que des produits contaminés soient arrivés jusqu'au bout. La surindustrialisation de l'alimentation est sujette à ces dérives. C'est pour ça qu'on se bat très fortement pour ne pas industrialiser la partie production, avec notamment le combat contre la ferme des 1 000 vaches.

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