Le dernier Plan national santé-environnement n'a servi à rien, selon deux rapports accablants
Censé mettre en place des actions immédiates pour limiter les risques sanitaires liés à l'environnement, le PNSE 3 n'a eu qu'une action "très relative", selon l'Inspection générale des affaires sociales.
Les objectifs étaient ambitieux mais les résultats s'avèrent décevants. Deux rapports très critiques sur le troisième Plan national santé-environnement (PNSE 3) ont été discrètement rendus en décembre 2018 et "publiés quatre mois plus tard sans tambours ni trompettes", relève Le Monde, lundi 8 juillet. L'un provient de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), l'autre du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD).
Tous deux constatent que le PNSE 3, entré en vigueur en 2015 et s'achevant fin 2019, n'a eu aucun effet sanitaire positif quantifiable. Institué en 2004, le PNSE est un plan de prévention visant à réduire l'exposition de la population à certaines pollutions de leur environnement. Il est renouvelé tous les cinq ans et sa mise en œuvre est copilotée par les ministères de l'Environnement et de la Santé.
Parmi une série de mesures, le PNSE 3 avait notamment pour ambition de "réduire l'exposition des populations aux perturbateurs endocriniens", "améliorer la qualité de l'eau destinée à la consommation humaine" ou encore "contrôler et restreindre progressivement l'usage des pesticides", selon une synthèse du gouvernement.
Pas d'actions concrètes
Mais les deux rapports concluent que ce plan est loin d'avoir eu les effets escomptés. L'Igas pointe une "action très relative". Le plan d'action "couvre inégalement le champ dessiné par le Code de la santé publique, sans que les domaines couverts ou non le soient en fonction de choix explicités", est-il affirmé dans le rapport. Il fustige des "actions nombreuses mais généralement peu opérationnelles". Par exemple, le rapport relève que "les polluants atmosphériques, facteurs majeurs par leurs effets sur la santé, font l'objet d'une seule action en tant que tels". L'Igas relève par ailleurs la "quasi absence d'actions dédiées à la santé au travail".
Le rapport du CGEDD montre également que les mesures mises en place ne s'accompagnent pas d'actions concrètes puisque "la caractéristique principale" de ce plan est une "absence totale d'indicateurs sur les effets attendus en matière de niveau de santé, malgré la proposition par le Haut Conseil de santé publique (HCSP)". Le CGEDD considère qu'il n'est "pas possible de dire avec précision ce qui a changé, du fait du 3e PNSE, dans l'état sanitaire de la population, ou a minima sur son exposition à différentes nuisances".
Interrogé par Le Monde, l'épidémiologiste William Dab, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et ancien directeur général de la santé, remarque : "Le constat tiré par les inspecteurs est particulièrement affligeant." Selon lui, "il est très rare que, sur un sujet aussi important que l'impact de l'environnement sur la santé, une politique publique se situe à un tel niveau de défaillance".
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