Les actionnaires de Bayer désavouent la direction après le rachat de Monsanto
Une courte majorité d'entre eux (55,5%) ont rejeté "les actions du directoire" du groupe, alors que le directoire avait recueilli 97% d'approbation l'an passé. Un revirement dû au rachat de Monsanto. L'opération suscite en effet des divergences de vue entre les actionnaires.
Plus de la moitié des actionnaires du groupe chimique Bayer n'ont visiblement pas apprécié le rachat de Monsanto, en juin 2018. Une assemblée générale a rejeté à 55,5% "les actions du directoire" emmené par le patron Werner Baumann, vendredi 26 avril. Ce scrutin n'a pas de conséquence claire dans les statuts du groupe, mais il contraste fortement avec le plébiscite accordé l'an dernier à la direction, avec 97% d'approbation.
Une assemblée générale dans un climat houleux
Cernée par plusieurs centaines de manifestants écologistes, l'assemblée générale du groupe s'est tenue à Bonn (Allemagne) dans un climat inhabituellement houleux, la chute du cours de Bourse alimentant 13 heures de débats.
Werner Baumann a une nouvelle fois défendu son pari historique de débourser 63 milliards de dollars pour acquérir le géant américain des semences et des OGM Monsanto, après deux ans d'efforts pour convaincre les autorités de la concurrence. A long terme, en effet, Bayer table sur le soutien croissant de la chimie à l'agriculture pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse, alors que le changement climatique perturbe déjà les terres arables.
Mais la lune de miel des deux groupes a coïncidé avec deux condamnations retentissantes prononcées aux Etats-Unis autour de l'herbicide au glyphosate de Monsanto, le RoundUp, ce qui a ouvert la voie à quelque 13 400 requêtes similaires. "La direction de Bayer a totalement sous-estimé les risques juridiques de son accord avec Monsanto", a notamment critiqué Janne Werning, du fonds Union Investment, citée par l'agence allemande DPA.
Les investisseurs inquiets par la chute du cours de Bourse
Les investisseurs se sont ainsi alarmés de la chute de près de 40% du cours de Bourse de Bayer depuis le rachat de Monsanto, à mesure que s'accumulaient les ennuis judiciaires pour la nouvelle entité. Depuis sa déconfiture boursière, l'inventeur de l'aspirine n'est plus valorisé qu'à 57 milliards d'euros environ, soit à peine plus que le prix consenti pour avaler sa cible. L'année écoulée "a été un cauchemar pour les actionnaires" et "le cours de Bourse nous promet des nuits sans sommeil", a déploré Mark Tümmler, de la fédération d'investisseurs DSW.
Bayer espère que les cours d'appel saisies dans les deux premiers dossiers américains "rendront des décisions différentes", "basées sur l'analyse scientifique et non sur l'émotion", a plaidé le dirigeant. Le groupe allemand martèle depuis l'été dernier qu'aucun régulateur dans le monde n'a conclu à la dangerosité du glyphosate depuis sa mise sur le marché au milieu des années 1970, et met en avant "800 études rigoureuses" sur ses effets. Le Centre international de recherche sur le cancer, une émanation de l'OMS, a lui considéré en 2015 que le glyphosate était "probablement cancérigène", de même que les jurés californiens qui ont condamné Monsanto.
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