Gel : "J'ai 12 moteurs de 350 cv qui pompent dans un étang", raconte Bernard, viticulteur qui passe des nuits à asperger ses vignes
L’épisode de gel de la semaine dernière a fait des ravages dans les vignes et ce n'est pas terminé. franceinfo a passé la nuit avec un viticulteur de l'appellation chablis qui lutte contre le froid qui menace ses bourgeons.
La nuit est belle, et l'on voit des milliers d’étoiles : il fera donc faire froid, voire... gelé. Un cauchemar pour les viticulteurs : l’épisode de gel de la semaine dernière a fait des ravages. Et ce n’est pas terminé : des gelées ont grillé des bourgeons de vignes encore cette nuit du 13 au 14 avril, notamment dans l'Yonne, en région Bourgogne-Franche-Comté. Aussi, pour lutter contre le gel, les viticulteurs de la commune de Beine, à côté de Chablis, on opte pour l’aspersion, c'est à dire l’arrosage des vignes.
"Là, il y a 12 moteurs de 350 chevaux qui pompent de l'eau dans un étang, explique Bernard Michaut, viticulteur, directeur de l’association syndical qui regroupe plusieurs viticulteurs de la commune. Pour arroser les 100 hectares, il nous faut 5 000 mètres cubes à l'heure." L’eau aspergée crée une pellicule de gel autour du bourgeon qui est ainsi maintenu autour de −1°C, contre −4°C ou −5°C dehors. Mais les aspergeurs ont tendance à se boucher avec les poissons du lac et il faudra changer le mécanisme. Toute la nuit, il faut guetter les tuyaux, les possibles fuites, les réparer.
"Là, au fond, nous avons deux éoliennes en plus, où on fait du feu en dessous avec des ballots de pailles pour brasser de l'air chaud."
Bernard Michautà franceinfo
D’autres viticulteurs, eux, ont opté pour des sortes d’éoliennes qui tournent grâce à des moteurs de tracteurs. D’autres encore brûlent du fioul. Système D face à un climat qui se dérègle…
"On est un petit peu perdus, dans ce froid et avec le réchauffement climatique, parce que là, on a encore un manteau hors-saison, soupire Bernard. Quand j'ai commencé dans le métier, les risques commençaient autour du 20 avril, du 20 avril au 20 mai, jusqu'aux saints de glace, en gros. Maintenant, c'est un mois plus tôt !" Grâce à l’aspersion des vignes, et aux nuits blanches qu’il vient de passer, Bernard espère préserver 70% de son chablis.
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