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Néonicotinoïdes : l’ONG suisse Public Eye alerte sur "une situation d'hypocrisie politique"

Une enquête publiée par Greenpeace et l'ONG Public Eye révèle qu'une quinzaine de pays européens, dont la France, continuent d'exporter des insecticides néonicotinoïdes pourtant interdits dans l'Union européenne depuis 2018.

Article rédigé par franceinfo
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Un cadavre d'abeille, illustration de l'impact des néonicotinoïdes. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

Géraldine Viret, porte-parole de l’ONG suisse Public Eye, alerte sur les insecticides néonicotinoïdes, elle dénonce "une situation d’hypocrisie politique". L’utilisation de trois types de néonicotinoïdes est interdite dans l'Union européenne depuis 2018 parce qu’ils sont considérés comme néfastes pour les insectes polinisateurs, notamment pour les abeilles. Une enquête de la branche britannique de Greenpeace et de l’ONG Public Eye révèle que malgré cette interdiction, une quinzaine de pays dont la France fabriquent tout de même ces insecticides "tueurs d'abeilles" pour les exporter.

Cette étude expose pour la première fois l'ampleur des exportations depuis l'Union européenne. "Ce qui nous a d’abord révoltés, c'est que les volumes sont énormes", explique Géraldine Viret. "On a près de 3 900 tonnes de production de néonicotinoïdes, en quatre mois seulement, donc environ 20 millions d'hectares de cultures. Cela correspond à l'ensemble des terres arables de la France. Ce sont des surfaces énormes." L’enquête met en avant que 90 % de ces exportations partent en direction de pays à faibles ou moyens revenus, et que beaucoup de ces pays sont des zones cruciales pour la biodiversité. C’est le cas du Brésil qui est le premier marché.

3 500 tonnes exportées par le géant Syngenta

Pour mener cette étude, Greenpeace et Public Eye se sont fondées sur les notifications d'exportations qui arrivent aux autorités compétentes européennes. "Ce ne sont pas forcément les quantités qui sont réellement envoyées dans ces pays, mais c'est la source d'information la plus exhaustive qu'on ait pu avoir", précise la porte-parole. D’après les deux ONG, le premier exportateur est le géant suisse Syngenta, avec près de 3 500 tonnes exportées, ce qui correspond aux trois quarts de toutes les exportations. La France se classe en deuxième position, après la Belgique, avec 157 tonnes exportées sur quatre mois.

Greenpeace et Public Eye dénoncent "une situation d'hypocrisie politique". "On a interdit l'utilisation sur toutes les cultures en plein air de ces trois substances extrêmement dangereuses, mais on continue à permettre à l'industrie de les exporter vers d'autres pays", pointe Géraldine Viret. Une situation qui va changer en France, puisque le pays a prononcé une interdiction de ces exportations qui sera en vigueur à partir de 2022. Des discussions sur le sujet se font maintenant au sein de la Commission européenne.

"La Commission européenne veut mettre fin aux importations d'aliments qui contiennent des traces de néonicotinoïdes, mais elle continue à tolérer les exportations."

Géraldine Viret, porte-parole de l’ONG suisse Public Eye

à franceinfo

Les ONG dénoncent un comportement hypocrite de la Commission avec "un double standard où on protège quelque part la santé humaine, l'environnement chez nous, mais on ferme les yeux sur l'exportation de ces substances et leurs effets vers des pays tiers."

Des discussions en automne 2020 ont abouti à la volonté de vouloir mettre un terme à ces exportations. "La position de la Commission européenne reste ambiguë", pour Géraldine Viret. "On espère vraiment que cette volonté résistera aux pressions des Etats membres qui sont dotés d'un puissant lobby des pesticides comme l'Allemagne."

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