Pesticides : faute d'un "accord correct", des agriculteurs refusent d’appliquer les zones de non-traitement et souhaitent "bloquer les villes entières"
La colère des agriculteurs n'est pas retombée depuis l'annonce de la mise en place de zones de non-traitement (ZNT). Les agriculteurs n'auront pas le droit de pulvériser des produits phytosanitaires à moins de cinq mètres des habitations s'ils ont des cultures basses et dix mètres pour des cultures hautes. Une mesure qui ne satisfait pas non plus les associations environnementales, mais qui s'appliquera à compter du 1er juillet 2020 pour les cultures ensemencées avant le 1er janvier 2020. Pour les autres parcelles, les zones de non-traitement sont applicables dès le 1er janvier 2020.
A cause de l'humidité, Lionel Laborie, céréalier à Saint-Léon, en Haute-Garonne, va devoir semer sur ses 280 hectares à partir du 1er janvier. Il est donc censé respecter la nouvelle réglementation, mais il fera comme il pourra : "En été, les terres sont sèches. On peut y aller tranquillement, mesurer, poser quelques fanions pour se repérer. Là, il y a de la boue partout, donc je ne vais pas m’amuser à crapahuter. Je ferai ce qu’il faut, mais ce ne sera pas des conditions phénoménales", résume l'agriculteur. Lionel Laborie craint surtout de se faire "taper dessus" si "ça fait 4,50 mètres" et de perdre des aides de la PAC "si ça fait 5,50 mètres".
Des actions possibles en février
Jean-François Lamasset, lui aussi céréalier en Haute-Garonne, à Sabonnères, refuse catégoriquement de respecter les zones de non-traitement. "Ces 5 mètres-là, ça sert à nous faire manger, on n'a pas besoin de ça, on est déjà juste", alerte l'agriculteur qui pulvérise des produits phytosanitaires 4 à 5 fois par an.
"Ces 5 mètres qu’on perd, sur le département de la Haute-Garonne, c’est 23 000 hectares, soit la production de maïs du département", argumente Jean-François Lamasset qui parle d'un "manque à gagner énorme". Le céréalier membre de la FNSEA prévient que son syndicat prévoit des actions plus importantes que celles de septembre dernier pour faire reculer le gouvernement. "On va sortir nationalement et on va tout bloquer. Et tant qu’on n'aura pas ce qu’on veut, un accord correct, c'est à dire zéro mètre, on bloquera les villes. S’il faut bloquer les rocades, on va les bloquer, mais nous, on ne fera pas comme la SNCF, on ne va pas bloquer que les gares, on va bloquer les villes entières". L'organisation de ces actions devrait se décider en janvier et elles pourraient être menées en février.
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