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Réchauffement climatique : en Camargue, le sel détruit les vignes avec "une fulgurance et une ampleur" jamais observées

En Camargue, le réchauffement climatique est en train de tuer une partie des vignes qui poussent sur le sable. Et elles ne sont d'ailleurs pas les seules victimes du sel qui remonte à la surface : les arbres, eux aussi, souffrent. 

Article rédigé par Etienne Monin, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le vignoble de Montcalm près des Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue (REDA&CO / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

"Cette vigne était en pleine activité, il y a un an et demi. Maintenant tout est mort, c'est devenu un cimetière", déplore Gilles Bardon, vigneron à côté d'Aigues-Mortes, en Petite Camargue. Ses vignes poussent dans le sable. Elles produisent du vin gris depuis des générations et elles sont sous la menace du sel qui remonte près de la surface. "Nous sommes en Camargue et du sel, il y en a toujours eu", reprend ce vigneron. 

"Historiquement, on connaît les problèmes de sel. En revanche on n'a jamais vu une telle fulgurance et une telle ampleur. Ça été foudroyant."

Gilles Bardon, vigneron

à franceinfo


Le Syndicat de défense et de promotion des vins de sable constate les dégâts depuis un an. Il estime que 600 hectares sont maintenant touchés. Et il n'y a pas que les vignes qui souffrent de cet excès de sel : le centre de recherche camarguais La tour du Valat pointe également des difficultés pour les arbres : plusieurs d'entre eux sont aussi en train de mourir. Nicolas Beck qui travaille pour ce centre de recherche a fait des relevés de sel et les concentrations sont spectaculaires : "Dans les années 2012, 2013, 2014, on était sur un maximum de dix grammes de sel par litre d'eau. Actuellement, on est à plus de 66 grammes. On a donc deux fois la teneur de l'eau de mer en l'espace de cinq ans. On constate effectivement un changement qui est en train de s'opérer, notamment par la mort des grands arbres." 

Les effets du "dérèglement climatique"

La situation actuelle résulte d'un bras de fer souterrain entre les nappes d'eau douce et l'eau salée. Normalement, le sel est maintenu dans les profondeurs, mais il ne pleut plus assez pour garantir la pression de l'eau douce. "La principale cause, c'est quand même le dérèglement climatique, souligne Cédric Santucci, de la chambre d'agriculture du Gard. On observe quand même une rareté de la pluie, notamment au printemps. On avait toujours quelques puits au printemps que maintenant on a du mal à avoir. Des chaleurs plus intenses, donc forcément plus d'évaporation. La première raison, c'est ça."

C'est ce qui a sans doute aussi renforcé le déficit en eau douce et le manque d'entretien des canaux dans le secteur. Un observatoire a été mis sur pied pour évaluer le phénomène et tenter d'apporter artificiellement plus d'eau.

En Camargue, le sel détruit les vignes - le reportage d'Etienne Monin
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