Reportage Agriculture : la nouvelle génération tentée par le salariat, pour "avoir une vie de famille", "se libérer une semaine de vacances"

Aux Terres de Jim, festival agricole qui se déroule dans le Doubs, les étudiants et jeunes agriculteurs n'hésitent pas à dire préférer le salariat, alors que le secteur manque de candidats.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le festival agricole Les Terres de Jim se déroule du 6 au 7 septembre à Mamirolle, dans le Doubs. (ÉDOUARD MARGUIER / RADIO FRANCE)

Le renouvellement de la génération actuelle d'agriculteurs est l’une des nombreuses inquiétudes du secteur. D’ici 2030, quatre agriculteurs sur dix seront en âge de partir à la retraite. Attirer vers ce métier est l’un des objectifs des Terres de Jim, le plus grand festival agricole d’Europe qui se déroule le week-end des 7 et 8 septembre à Mamirolle, près de Besançon dans le Doubs. Au moins 100 000 personnes sont attendues pour notamment assister à des concours de labour, des concours bovins et pour rencontrer des étudiants en agriculture. Ils sont prêts à se retrousser les manches, mais par à n’importe quel prix. 

Les moments de détente sur les Terres de Jim, ou le temps libre tout simplement, sont précieux pour Manon et elle compte bien en conserver quand elle travaillera. "C'est important pour avoir une vie de famille, et même, tout simplement, profiter des gens qui nous sont chers."

C’est pourquoi après son BTS qu’elle suit en alternance, la jeune femme de 19 ans vise un poste de salariée agricole. "Le salarié sur l'exploitation avec moi est un ancien agriculteur et sa ferme a coulé malheureusement, parce qu'il ne pouvait pas se tirer de paye."

"Le salariat, c'est un revenu assuré, quelques jours de vacances". 

Manon, étudiante

à franceinfo

Malgré tout, certains veulent prendre la tête d’une exploitation, comme Dorian. Mais il veut s’installer avec son cousin sous la forme d’un groupement agricole, un Gaec. Il y en a de plus en plus en France. "C'est important de se mettre à deux pour avoir des week-ends, pour avoir un peu de confort de vie, se libérer une semaine de vacances. Mais il y a quand même de plus en plus d'aléas climatiques, regrette Dorian, c'est de plus en plus difficile de gérer, mais on s'adapte."

Malgré ces difficultés, Joakin veut, lui aussi, participer au renouvellement des générations. En 2030, 40% des 500 000 exploitants de France seront en âge de prendre leur retraite, selon le ministère de l’Agriculture. "Je viens du Doubs, où on a le comté, une filière qui marche. Il y a des fermes à reprendre d'ici à quelques années. C'est du sacrifice, mais par passion, ça va se faire."

Des dispositifs d'aide et de remplacement

D'autant plus que certains organismes permettent aux agriculteurs de pouvoir prendre du temps. "On a le service de remplacement, tu les appelles et ils viennent traire le samedi et le dimanche pour couper un peu", explique Joakin. L'an dernier, 24 000 journées de remplacement ont été assurées dans le Doubs, un record.

Mais d’autres facteurs doivent être pris en compte pour bien vivre le métier d’agriculteur selon Améline Priallaird, responsable de formation du CFA de Besançon, pour "qu'ils ne se sentent pas seuls, une fois installés, les encourager à garder des exploitations à taille humaine et en tout cas qu'ils puissent gérer, sans être étouffés par les horaires de travail et par les contraintes administratives ou techniques".

Les agriculteurs restent plus exposés au suicide que les autres métiers selon la dernière étude de la MSA, la mutuelle sociale agricole, parue en 2023.

Agriculture : la nouvelle génération tentée par le salariat - Reportage d'Edouard Marguier

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