Reportage Colère des agriculteurs : "Si les agriculteurs ne s’en vont pas travailler ailleurs, ils sombrent dans la pauvreté", raconte une éleveuse polonaise

Entre des coûts qui augmentent et des prix qui baissent, les éleveurs européens ne s'en sortent pas. Leur ras-le-bol s'exprime de plus en plus fortement ces dernières semaines, notamment en Pologne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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En Pologne, les agriculteurs dénoncent une situation économique intenable. (Photo d'illustration) (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO)

En Europe, la colère des agriculteurs a explosé ces dernières semaines. En Pologne aussi, les éleveurs protestent contre la hausse des coûts de production face à des prix de vente toujours plus bas. Mais plus qu’ailleurs, c’est la concurrence venue d’Ukraine, jugée déloyale, qui pèse sur les agriculteurs polonais.

La ferme de Dorota Silkorska est installée près de Varsovie, la capitale polonaise. Depuis presque dix ans, elle y élève canards, poules, lapins et chèvres. Comme beaucoup de ses collègues agriculteurs, elle ne parvient plus à couvrir ses frais. "Depuis plusieurs années, le prix des œufs ne fait que baisser, alors que tous les coûts de production augmentent. Par exemple, les œufs bios que je produis devraient coûter 70 centimes chacun, mais ils n’en coûtent que 30 aujourd’hui", décrit l'agricultrice.

Des agriculteurs qui sombrent dans la pauvreté

Une baisse des prix de vente aggravée, selon elle, par l’arrivée massive des produits ukrainiens sur le marché depuis le début de la guerre. Incapable de faire face à cette concurrence jugée "déloyale", certains ont préféré quitter le pays. "Si les agriculteurs ne s’en vont pas travailler ailleurs, ils sombrent dans la pauvreté", raconte Dorota.

"Je connais un agriculteur qui a dû partir gagner de l’argent en Norvège pour que sa famille puisse continuer de vivre à la ferme. Voilà la réalité dans les campagnes polonaises"

Dorota Silkorska, éleveuse polonaise

à franceinfo

Ce soir, Dorota sait qu’elle travaillera auprès de ses bêtes jusqu’à minuit et ne s’accordera que quatre ou cinq heures de sommeil dans son châlet en bois, où la température avoisine les 0°C. Mercredi, les agriculteurs polonais ont prévu une mobilisation nationale pour faire entendre leurs revendications. Elle n’aura ni le temps, ni les moyens de se joindre aux cortèges.

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