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Sécheresse : "Comment stocker" l'eau de pluie, une "question vitale" pour les agriculteurs

Retenues collinaires, variétés de fourrage plus résistantes, plantations de haies... Les agriculteurs développent des outils pour lutter contre les aléas climatiques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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 Sécheresse printanière en Vendée, le 30 mai 2020 (illustration). (FABIENNE BUREAU / RADIOFRANCE)

"Notre métier est obligé de s'adapter à un changement climatique avec des périodes de sécheresse assez longues et des coups de pluie qui sont assez erratiques à des moments bien précis", explique l’agriculteur Yannick Fialip, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire, mardi 23 juin sur franceinfo, alors que le ministère de la Transition écologique prévoit que la moitié des départements français risquent de connaître un épisode de sécheresse cet été.

franceinfo : Des épisodes de sécheresses sont attendus cet été. Les craignez-vous ?

Notre métier est aujourd'hui obligé de s'adapter à un changement climatique avec des périodes de sécheresse assez longues et des coups de pluie qui sont assez erratiques à des moments bien précis, avec de fortes pluies. La question vitale qui est posée pour notre métier, c'est comment stocker cette eau de pluie qui tombe de façon assez forte à des moments bien précis de l’année. Entre le 1er janvier et fin avril, nous n’avons eu que 30 litres d’eau, donc des précipitations de type sahariennes, et puis, nous avons eu deux épisodes pluvieux, un début mai et un le 15 juin, de type cévenol, avec des grosses pluviométries mais concentrées sur 24 heures.

Avez-vous trouvé des solutions pour stocker les eaux de pluie ?

J'ai investi, sur mon exploitation, dans ce qu'on appelle une retenue collinaire, c’est-à-dire un petit bassin avec un barrage en terre qui permet de retenir l'eau, notamment quand elle tombe abondamment, pour pouvoir la stocker et pouvoir s'en servir pour arroser les cultures pendant les périodes de sécheresse qu’on connaît régulièrement sur mon exploitation. C'est ce qu'on essaie de proposer, notamment aux pouvoirs publics.

Il faut généraliser le stockage de l'eau. La France stocke à peine 5% de la pluviométrie qui tombe. D'autres pays, comme l'Espagne, sont à 10% ou 15% de stockage. 

Yannick Fialip, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire

à franceinfo

Donc, c'est une vraie question en France, comment on stocke plus d’eau ? Cela permet aux agriculteurs d'avoir des réserves. Ça permet aussi de développer un écosystème environnemental assez intéressant, avec une faune et une flore assez riches autour de ces réserves d’eau.

Êtes-vous obligés d’adapter vos pratiques agricoles ?

On essaie de travailler, à la Chambre d’agriculture, pour trouver des variétés plus résistantes à des températures élevées, des fourrages un peu différents qui puissent dépasser des périodes très sèches. Et puis, pouvoir pousser dès que ça repleut un peu. On fait de la recherche sur ces points-là. On a aussi des cultures qui vont se développer, par exemple sur des périodes hivernales, qu’on n'avait pas l’habitude de cultiver notamment dans des zones de montagne. En altitude comme en Haute-Loire, on arrive à cultiver de l’herbe pendant l'automne alors qu'il y a 30 ans, ce n'était pas possible parce qu'on avait des gelées très fortes à l'automne, avec des quantités de neige importantes. Aujourd’hui, on a des ray-grass [variété d'herbe] qui peuvent pousser l’automne et qui peuvent permettre aux agriculteurs de refaire des stocks à des périodes où on n'avait pas l'habitude de le faire. (…) C'est un sujet collectif qui est même à prendre à l'échelle de la planète. Dans le département, on essaie de trouver des solutions avec des groupes d'agriculteurs qui se mettent autour d'une table parce que quand il faut avoir recours à des achats de fourrage, ce sont des trésoreries qui sont mal. Au-delà de la chaleur, on a aussi un nouveau phénomène, celui des vents plus élevés donc un affaissement du sol, donc on réfléchit à faire des plantations de haies qui permettent de protéger des cultures.

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