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Sécheresse : dans la Vienne, des pêcheurs pointent du doigt les pouvoirs publics et les agriculteurs qui ont "massacré" les milieux aquatiques

Le département,qui fait partie des 91 départements français victimes de sécheresse, cette année, voit près d'un quart des cours d'eau à sec. Mais à qui la faute ?

Article rédigé par franceinfo - Arthur Fradin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Brice, chargé d’études à la fédération de pêche de la Vienne, regrette que la Palu, une "fabuleuse rivière à truites", soit totalement à sec en ce mois de juillet 2022. (ARTHUR FRADIN / RADIOFRANCE)

Le lit de la rivière ressemble désormais à un chemin de randonnée. La Palu, dans le nord de la Vienne, est comme de nombreux cours d'eau du département : près d'un millier de kilomètres de rivières et de ruisseaux sont asséchés sur les 4 400 km que compte le département. Une sécheresse qui a des conséquences terribles sur la faune et la flore aquatiques.

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Et c'est avec émotion que Brice, chargé d’études à la fédération de pêche du département, constate que cette "fabuleuse rivière à truites" n'est plus là, aujourd'hui. Il faut bien chercher pour trouver une flaque d'eau, ici ou là. Cette période sèche affecte donc tout un écosystème, et, selon ce spécialiste, menace des centaines de millions de vies animales : "La tristesse, c'est d'observer que la rivière est complètement asséchée, sans parler des amphibiens, des reptiles, des oiseaux  qui sont aussi à l'agonie sur ce cours d'eau. S'il y a encore un peu d'humidité dans la vase, d'ici quelques jours, avec les températures qui arrivent, les petites grenouilles sont clairement condamnées", précise-t-il.

Brice pointe plusieurs responsables de cette destruction de la rivière. Tout d'abord, il cible "les services de l'Etat qui, depuis des années, mènent une politique complètement obsolète", notamment à cause des politiques de "remembrement dans les années 1970 et 1980", qui ont "massacré" les milieux aquatiques, estime-t-il.

La sécheresse dans la Vienne : le reportage d'Arthur Fradin

Des causes multiples à la sécheresse qui s'accumulent

Autre problème : les agriculteurs qui irriguent leur culture. Brice nuance tout de même : "Il ne faut pas stigmatiser tous les irrigants. Certains sont exemplaires pour leur profession, et ont même déjà commencé leur transition vers l'agroécologie depuis longtemps". Malgré tout, le chargé d'étude déplore une autre catégorie d'irrigants, "avec qui on n'arrive pas du tout à discuter".

Xavier Ehret fait justement partie de l'Association des irrigants de la Vienne (Adiv), en tant qu'animateur technique. Pour lui, il ne faut pas oublier un autre acteur de l’assèchement des rivières : le dérèglement climatique. "La totalité des précipitations sur l'année est la même, sauf que la répartition est différente, explique-t-il. Il pleut plus en hiver, et moins en été, ce qui fait que les cours d'eau vont s'assécher plus rapidement." Avant de confier rester conscient que cet assèchement est le résultat d'un mélange de plusieurs causes. "On veut juste qu'il y ait de l'eau pour tout le monde", conclut-il. Et pour cela, plusieurs pistes existent.

Par exemple, recourir massivement à la culture céréalière, adaptée aux sécheresses, car moins gourmande en eau. La pistes des réserves, qui captent l’eau tombée en hiver, est aussi étudiée depuis quelques années, mais pour beaucoup, il faut désormais concrétiser. 

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