Sécheresse, pluies, compétition mondiale : les producteurs de blé français vivent la pire moisson depuis 16 ans
Ces mauvaises récoltes vont encore réduire le train de vie des agriculteurs dont les revenus ont baissé, en moyenne, de 10% l'an dernier.
Les moissons de blé de cet été 2020 en France s'annoncent comme les pires depuis 2004, en terme de quantité, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture. La production chute en moyenne de 20% et même de 50% en Aquitaine. Il ne s'agit que d'une estimation, les chiffres définitifs seront connus fin juillet, mais les céréaliers n'espèrent plus de miracle.
Une météo exécrable toute l'année
Le blé produit dans l'hexagone est en grande majorité du blé tendre, le froment qui sert à faire le pain, les biscuits, ou qui sert pour le fourrage des bêtes. Sa production atteint un peu plus de 31 millions de tonnes cet été, huit millions de tonnes de moins que l'an dernier, soit une chute de 21% avec de fortes disparités selon les régions. C'est le grand ouest qui a le plus souffert de la météo, en particulier en Aquitaine (-49%) et en Poitou-Charentes (-43%).
Ces maigres récoltes sont dues à une météo exécrable quasiment toute l'année.
En octobre, les semis n'ont pas pu se faire dans beaucoup de parcelles parce qu'il avait trop plu.
Luc Servant, président de la chambre d'agriculture de Charente-Maritimeà franceinfo
"On a des surfaces qui n'ont pas pu être semées en blé tendre et d'autres surfaces qui l'ont été mais de manière très, très tardive avec des semis qui se sont prolongés jusqu'à décembre-janvier, raconte Luc Servant, le président de la chambre d'agriculture de Charente-maritime. La pluie s'est d'ailleurs encore prolongée au cours de l'année, en janvier, février et jusqu'au printemps. Certaines parcelles ont été inondées et ça nous amène à un rendement faible à la récolte."
Seul le tournesol s'en sort bien
Les céréaliers français ont aussi été victimes d'une sécheresse : "Il y a eu un épisode de sécheresse en avril, poursuit Luc Servant, ça a vraiment été une année de succession d'épisodes trop pluvieux, de sécheresse, une température très douce aussi. Il n'y a pas eu de froid. Or, on sait que les cultures aiment aussi un peu l'hiver. C'est un climat qui n'a pas du tout été favorable pour les cultures de céréales."
Pour le blé dur, qui sert à faire les pâtes alimentaires, la tendance est là aussi à la baisse : -15% de production par rapport à l'été 2019 avec un total d'1,3 million de tonnes. L'orge fait à peine mieux : 12 millions de tonnes, en baisse de 10%. Côté oléagineux, seul le tournesol s'en sort plutôt très bien (+26%). Plus tardif, il a profité des difficultés d'implantation des autres cultures d'hiver.
Impossible de compenser par une hausse de prix
Ces mauvaises moissons vont encore réduire le train de vie des agriculteurs dont les revenus ont baissé, en moyenne, de 10% l'an dernier, d'après des statistiques publiées officiellement en début de semaine. Et pas question de jouer sur les prix explique Luc Servant : "Quand il y a une baisse de production végétale, c'est autant de baisse de chiffre d'affaire".
Le prix est mondial aujourd'hui. Il ne monte pas parce qu'il y a, dans d'autres régions du monde, de bonnes récoltes.
Luc Servant, président de la chambre d'agriculture de Charente-Maritimeà franceinfo
Pour les éleveurs, la situation est moins préoccupante, précise le président de la chambre d'agriculture de Charente-maritime, la production fourragère accusant une baisse de production moins importante. "Mais on voit ces dernières années, que ces évènements climatiques plus forts posent problèmes pour les fourrages aussi, nuance Luc Servant. C'est tout un ensemble de choses qui fait que l'on a du mal à dégager du résultat ces dernières années." Les quantités de fourrage produites pourraient ne pas suffire aux éleveurs cet hiver. Ils devraient alors en acheter, ce qui n'arrangera évidemment pas leurs finances.
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