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Vendanges : les viticulteurs de Bourgogne font grise mine

Les vendanges ont débuté ou s'apprêtent à débuter un peu partout en France. Après des épisodes météorologiques exceptionnellement difficiles, la quantité ne sera pas au rendez-vous.

Article rédigé par Guillaume Gaven, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des raisins dans un vignoble de Chablis (Yonne). (MAXPPP)

De part et d'autre des routes de Bourgogne, les vignes sont bien vertes, prêtes pour les vendanges. Mais il suffit de s'approcher pour se rendre compte des dégâts. "Ici c'est l'un des lieux de l'appellation qui a le plus gelé", nous montre Thierry Glantenay, viticulteur et président du syndicat d'appellation Volnay, en plein cœur de la côte de Beaune. En fourrageant dans un cep, il trouve "deux raisins au lieu de sept ou huit". Et en avançant plus loin, "il n'y a rien", constate-t-il. Pour son appellation, Thierry Glantenay s'attend au mieux à une "demi-récolte".

Le domaine Glantenay à Volnay (Bourgogne) (© THIERRY GLANTENAY)

Sur 25 hectares (...) il me reste 8 hectares vendangeables

Thomas Pico

du domaine Pattes Loup, près de Chablis

Alors que les vendanges ont débuté ou s'apprêtent à débuter un peu partout en France, le tableau est quasiment le même au nord du vignoble bourguignon. Autour de Chablis (Yonne), la vigne a été touchée par le gel fin avril, puis par la grêle fin mai. "Sur 25 hectares, seuls 10 hectares n'ont pas été trop impactés, se rappelle Thomas Pico, du domaine Pattes Loup. Sauf qu'au mois de mai, on a aussi eu presque 300 millimètres de pluie. Au mois de juin, plus de 100 millimètres. Il y a eu un gros problème de mildiou. Il me reste huit hectares vendangeables".

Vers une nouvelle flambée des prix

"Psychologiquement c'était dur. Ça poussait bien et on s'est pris ça dans la tronche. Au-delà de l'impact financier, on s'y attache à notre vigne", raconte Thomas Pico. Afin d'avoir un peu de trésorerie, le viticulteur a cessé de commercialiser ses vins jusqu'au 1er janvier prochain et est allé jusqu'à chercher des raisins dans l'Aude, à Limoux.

Selon le bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, la récolte 2016 devrait être inférieure de 20 à 27% sur l'ensemble de la région. "Vous avez des secteurs dans le Chablisien et dans l'Auxerrois, où il y a très peu de vendanges. Il y a des parcelles que les professionnels n'envisagent même pas de récolter tellement il y a peu de grappes", confirme Christine Monamy, la responsable agrométéo du bureau.

On fait moins de récolte, mais on loue nos terres plus chères

Thierry Glantenay

président du syndicat d'appellation Volnay

Dans le secteur de Pommard, Volnay et Meursault, les vignes ont été touchées par la grêle en 2012, en 2013, en 2014... Et donc en 2016. Les vignerons estiment avoir perdu trois récoltes en six ans. Résultat : les prix devraient encore flamber. "Ce n'est pas pour se payer une nouvelle Mercedes qu'on augmente les prix. C'est pour sauver nos domaines, précise Thierry Glantenay. En Bourgogne, le prix des fermages est basé sur le prix de la récolte. Si on fait très peu de récolte, les fermages augmentent. On fait moins de récolte, mais on loue nos terres plus cher."

Pour certains viticulteurs, la situation s'avère préoccupante. Si les vignes aux appellations les plus célèbres restent encore un peu préservées d'une éventuelle faillite, ce n'est pas le cas dans les secteurs moins prestigieux.

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