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Victoire contre Monsanto : "C’est la victoire d’un David contre le Goliath des pesticides", réagit Yannick Jadot

L'eurodéputé s'est félicité jeudi sur franceinfo de la nouvelle victoire de Paul François face à Monsanto. La cour d'appel de Lyon (Rhône) lui a une nouvelle fois accordé gain de cause face à la firme américaine.

Article rédigé par franceinfo
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Yannick Jadot, invité de franceinfo, le 1er juin 2017. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCEINFO)

"C’est la victoire d’un David contre le Goliath des pesticides", a réagi jeudi 11 avril Yannick Jadot, eurodéputé, tête de liste EELV aux élections européennes, après la troisième victoire en justice pour l’agriculteur français Paul François contre Monsanto. La Cour de cassation lui a donné raison ce jeudi, sur le fondement de "la responsabilité du fait de produits défectueux". Il avait déjà obtenu gain de cause en première instance en 2012 et en appel en 2015.

"On voit que la justice opère, les paysans transforment leur modèle agricole, les citoyens veulent sortir des pesticides, au Parlement européen on se bat aussi pour sortir de ces pesticides, mais ce courage-là ne semble pas être le fait de nos gouvernements", a ajouté la tête de liste EELV aux élections européennes. "Et c’est pour ça aussi que ces élections européennes sont importantes, on peut sortir des pesticides en 15 ans à l’échelle européenne, on peut sortir du glyphosate et on n’a plus de raison de s’arrêter", a-t-il poursuivi.

franceinfo : Vous étiez aux côté de Paul François aujourd’hui, vous avez partagez son émotion ?

Yannick Jadot : C’est d’abord la victoire d’un homme parce qu’il a mené ce combat dans des conditions difficiles depuis très longtemps, malgré les soucis de santé. Et c’est la victoire d’un David contre Goliath des pesticides, contre Monsanto qui a utilisé toutes les intimidations, les turpitudes juridiques pour essayer d’échapper à sa responsabilité. Il est temps que les responsables politiques prennent leur responsabilité en matière de pesticides. On se bat depuis tant d’années pour dire à quels points les pesticides sont dangereux pour la santé, d’abord des paysans et de l’ensemble des citoyens. L’histoire de Paul François, c’est aussi l’histoire de la conversion de sa ferme, 240 hectares, il l'a sorti des pesticides et ça marche.

Quand on voit le président de la République nier les impacts du chlordécone, alors que c'est un traumatisme absolu en Martinique et Guadeloupe. La Martinique a le record mondial des cancers de la prostate. Et le président de la République nie cet impact. Quand on entend la ministre de la Santé qui repousse sine die la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, parce qu’elle-même dit ce n’est pas prouvé. On voit que la justice opère, les paysans transforment leur modèle agricole, les citoyens veulent sortir des pesticides, au Parlement européen on se bat aussi pour sortir de ces pesticides, mais ce courage-là ne semble pas être le fait de nos gouvernements.

Cette décision est-elle importante pour le monde agricole dans son ensemble ?

Les décisions de justice permettent d’affirmer la responsabilité des entreprises de pesticides. Depuis tant d’années, Monsanto et les autres groupes d’agrochimie fabriquent du doute, de la fausse science. A chaque fois que des scientifiques ont prouvé des liens entre les pesticides et la dégradation de la santé, certains cancers ou d’autres problèmes de développement, à chaque fois, il y a eu une sorte de concours d’intimidations, de bulldozer pour essayer de les disqualifier du point de vue de la science. À chaque fois qu’il y a une étude qui prouve les liens entre les pesticides et les problèmes de santé, ils [ces groupes d'agrochimie] produisent 10 études pour prouver le contraire. Et la difficulté, c’est que ce gouvernement, comme les précédents, préfère donner raison à ce lobby des pesticides, plutôt qu’à la santé. Et c’est pour ça aussi que ces élections européennes sont importantes, on peut sortir des pesticides en 15 ans à l’échelle européenne, on peut sortir du glyphosate et on n’a plus de raison de s’arrêter.

Un des arguments qui revient régulièrement, c'est qu'on ne va pas priver l’agriculteur de produits dont il a besoin. Est-ce un argument fallacieux ?

Il est fallacieux. Paul François, sur 240 hectares de céréales, il est sorti des pesticides. La responsabilité politique, ce n’est pas de culpabiliser les agriculteurs qui utilisent des pesticides, c’est de condamner Monsanto et d’aider avec l’argent de la PAC tous ceux qui sont piégés par les pesticides pour en sortir. Ce sont les paysans qui sont les premières victimes de ces pesticides et qui sont les plus piégés dans un modèle intensif qui les conduit au surendettement, au suicide, à la faillite, à la solitude. Le monde paysan est un monde de fierté et ça ils n’en parlent pas.

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