: Vidéo L'intégration de réfugiés en France avec les fermes agro-écologiques grosses demandeuses de main-d'œuvre
Face à la croissance du marché des produits issus de l’agriculture biologique, le secteur est en demande de main-d’œuvre pour pouvoir répondre à la demande dans les années à venir. Une opportunité d’insertion pour des réfugiés, saisie par deux associations solidaires… Extrait du magazine "13h15 le samedi" du 6 juillet 2019.
L’idée est née de la collaboration de deux associations : le Groupe SOS Solidarités, spécialisé dans l’entrepreneuriat social, et le réseau des Fermes d’avenir, qui promeut la transition agro-écologique. Ensemble, elles ont dressé un double constat : d’un côté, la demande de produits bio augmente de 20% chaque année ; de l'autre, l’agriculture industrielle est à bout de souffle alors qu'un nouveau modèle émerge, basé notamment sur l’agro-écologie et la permaculture. Mais la production ne suit pas, avec comme principal obstacle le manque de main-d’œuvre qualifiée.
Le magazine "13h15 le samedi" (replay) s’est rendu à la ferme de la Croix Saint-Claude, une petite exploitation de deux hectares dans le département de l’Aisne, où Mogos Abraham, 38 ans, poursuit sa formation agricole. Ce réfugié érythréen a fui le régime militaire de son pays en passant par le Soudan, la Libye, l’Italie pour arriver en France il y a deux ans, où il a obtenu son statut de réfugié. Il est encadré par Jean-Michel Leducq, 61 ans, qui a rejoint le réseau des Fermes d’avenir pour tout repenser et produire bio : "Avant, j’étais dans la culture industrielle que j’ai abandonnée après la réforme de la PAC en 1992… Et je suis revenu vingt après. Comme quoi, c'est une maladie qui ne passe pas..."
"Et nous, on a besoin d’eux, donc, tout va bien"
L’unique champ de la ferme est cerné de cultures conventionnelles, mais le paysan veut jouer son rôle dans la transition agricole dont le marché est demandeur. D’où l’accueil de "compagnons", comme Isabelle, en reconversion professionnelle, ou Mogos, engagé dans une démarche d’insertion. "Pour tout ce qui est agro-écologique, qui demande beaucoup de main-d’œuvre, même sur mon petit morceau de terre dans une zone où il y a beaucoup de chômage, j’ai vécu le problème de ne pas avoir de main-d’œuvre", explique-t-il.
"Ce sont des métiers quand même durs et assez peu rémunérateurs qui n’attirent pas la population française classique, précise l'agriculteur. En plus, c’est une manière de gérer les flux migratoires à venir. C’est une manière d’intégrer des gens qui ne peuvent plus vivre chez eux. Et nous, on a besoin d’eux, donc, tout va bien." Pour nourrir bio un tiers des Français dans dix ans, contre 5% aujourd’hui, il faudrait 25 000 nouvelles exploitations de petites surfaces d’ici à 2030, et environ 100 000 nouveaux paysans, alors que 50% des agriculteurs prendront leur retraite d’ici-là, selon Fermes d’avenir. Près de 43 000 personnes ont obtenu l’asile en France en 2017.
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