Le premier drone européen de combat réussit son premier vol
Samedi, Neuron décollait sur la piste d'essai de Dassault aviation à Istres, la plus longue d'Europe. Après neuf ans de travaux, 25 minutes de vol plus tard, il s'y posait sans encombres : premier vol réussi pour le premier drone de combat européen.
Le programme Neuron, kezako ?
Le programme Neuron a été lancé en 2003. Il mutualise des
fonds français, italien, suédois, espagnols, suisses et grecs : en tout, 406
millions d'euros, dont la moitié est supportée par la France. Aux côtés de Dassault aviation,
l'avionneur français maitre d'œuvre du prototype, le Suédois Saab, l'Italien Alenia (groupe
Finmeccanica), le Grec Hellenic Aerospace Industry, le Suisse RUAG et l'espagnol CASA (groupe
européen EADS), qui a réalisé la station au sol. Un seul maître d'ouvrage, français, la Direction générale de l'armement.
But de l'association :
mutualiser les moyens pour maintenir le niveau des compétences industrielles. En somme, rester dans la course alors que les fonds manquent, et que des pays comme les Etats-Unis ont une avance incontestable alors que le marché explose.
Il ne s'agit donc pas d'initier la production de nouveaux drones :
contrairement au
Pentagone, qui devrait prochainement lancer un appel d'offre pour la
production d'un premier drone
de combat, les Européens devront encore attendre longtemps avant d'avoir
les
budgets susceptibles d'être consacrés à ce type d'armes..."Il faut
tenir 20
ans ", estime ainsi le directeur général international de Dassault.
Vous avez dit drone ?
Il n'y a bien qu'en France
qu'on emploie le mot "drone" : partout ailleurs, on
dira de Neuron qu'il est un "véhicule de combat aérien non piloté" ,
un UCAV, ("Unmanned Combat Air Vehicle "). C'est-à-dire un avion sans
pilote, guidé depuis le sol : en cas de perte sur le terrain, les pertes
sont réduites, et des vies économisées. Les armées les utilisent depuis
longtemps : si les drones se sont rapidement rendus indispensables depuis
le conflit en Irak en 2003, les armées les utilisaient déjà lors de la Seconde Guerre mondiale.
Long de 10 mètres pour une envergure de 12,5 mètres, soit un
peu plus que celle de son cousin, le Mirage 2000, Neuron peut évoluer à la
vitesse de MACH 0,8, soit presque 900 km/h, grâce à son moteur Rolls-Royce
Turbomeca Adour Mk. 951, et devrait pourvoir emporter deux bombes guidées laser
de 250 kg. Une fois ses deux soutes d'armement chargées, il peut peser...sept
tonnes. On est donc plus près de l'avion de chasse sans pilote que du petit
avion télécommandé.
Neuron n'a pas été conçu pour remplacer les avions de combat :
actuellement, les drones en service sont utilisés pour la surveillance,
voire,
parfois, pour tirer des missiles, mais aucun d'eux, pour l'instant, ne
peut
rivaliser avec les performances des avions de combat. Neuron non plus,
mais il
pourrait s'avérer très utile le premier jour d'un conflit, par exemple,
pour
ouvrir la voie à la chasse en détruisant les défenses anti-aériennes.
Un moineau sur les écrans radars
À la différence des drones tactique ou de surveillance, les drones de combat ont, eux, une vocation offensive : leur charge utile
comprend des armements comme des missiles, et ils doivent pouvoir effectuer des
attaques au sol ou des missions de défense aérienne. Grâce à leur équipements
sophistiqué, ils peuvent collecter des images, identifier des cibles et
disposent d'une autonomie suffisante pour les poursuivre.
Neuron peut ainsi effectuer un vol complet sans
recevoir aucun ordre et même rectifier de lui-même des situations critiques, un
avantage crucial dans une zone de combat où il vole beaucoup plus vite que les
drones de surveillance actuels. Le tout de manière furtive : l'appareil
est conçu pour rester en dessous des seuils de détection des radars, qui sont
réglés de façon à ne pas repérer les oiseaux. Souplesse et discrétion : sur ces points
là, le drone peut représenter une alternative de choix, plus
économique qu'un avion de chasse conventionel.
Chez Dassault, on assure à ce propos que la signature radar de l'appareil
est équivalente à celle d'un...moineau. Même son moteur a été dissimulé pour
éviter que la chaleur émise ne soit détectable par les radars infrarouges et d'ici
quatre mois, lorsqu'il effectuera son deuxième vol, l'avion sera envoyé au Centre
d'essai d'électronique de l'armement de la DGA à Bruz, près de Rennes, où des
tests seront réalisés pour vérifier sa furtivité.
Le pilote, lui, reste au sol dans un "shelter" (un abri),
une petite casemate installée au bout de la piste : le système est
automatique, mais à tout moment, il peut reprendre la main sur la marche de l'appareil.
Face au pilote, des écrans semblable à ceux d'un cockpit. Il est secondé par un
deuxième opérateur qui, à côté de lui, vérifie le fonctionnement des équipements.
Les deux sont en contact permanent avec la salle d'écoute, qui fait office de
tour de contrôle.
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