Recadrage du chef d'état-major par Emmanuel Macron : "Il n'y a pas de discussion possible, le plus fort, c'est le président"
Après la protestation du général Pierre de Villiers concernant la coupe budgétaire de 850 millions d'euros pour la défense, le général Dominique Trinquand estime sur franceinfo que la démission du chef d'état-major des armées "nécessite réflexion".
Emmanuel Macron a recadré sévèrement jeudi 13 juillet ceux qui critiquaient la coupe budgétaire de 850 millions d'euros qui avait été annoncée pour la défense. Le président de la République visait directement le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui avait protesté ouvertement devant des députés contre ces économies imposées par le gouvernement.
Le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU et proche d'Emmanuel Macron, a estimé vendredi sur franceinfo que la question de l'éventuelle démission du chef d'état-major des armées "nécessite réflexion". "La seule vraie question qu'il doit se poser aujourd'hui, c'est est-ce que les moyens qui sont alloués me permettent de remplir ma mission ?"
franceinfo : Le ton employé par Emmanuel Macron était celui d'un recadrage, et une marque d'autorité. Est-ce que c'est un langage qu'on aime entendre quand on est militaire ?
Dominique Trinquand : Les militaires ne sont probablement pas habitués à voir un politique tenir ce langage. Le président de la République est un vrai chef et il a tenu à le marquer. En tant que militaire, j'ai eu l'occasion, dans ma carrière, d'avoir ce type de rapport avec des chefs. Pas publiquement, certes, mais là, les déclarations avaient été publiques. Dans un bureau, cela se serait passé avec la même fermeté, mais personne n'en aurait entendu parler.
Le général De Villiers peut-il rester après un recadrage pareil ?
Ceci nécessite réflexion. La seule vraie question que doit se poser le chef d'état-major des armées aujourd'hui, c'est est-ce que les moyens qui sont alloués me permettent de remplir ma mission ? C'est la seule question. Derrière, les problèmes d'ego ne doivent pas exister parce ce que c'est un serviteur de l'Etat, comme le chef de l'Etat d'ailleurs. Est-ce que les moyens qui me sont donnés me permettent de remplir ma mission ? Si la réponse est oui, je reste pour assurer ma mission. Si la réponse est non, choisissez quelqu'un d'autre.
Vous ne pensez pas que le chef d'état-major doit assumer ? Il a publiquement critiqué cette coupe de 850 millions d'euros.
850 millions de coupes, certes, mais il y avait 650 millions qui avaient été rajoutés au budget. Le delta est de 200 millions. Ce que dit le chef de l'Etat, c'est qu'il respecte le budget qui avait été voté. Il n'y a pas de discussion possible le plus fort, c'est le président. en revanche, dans la discussion sur les moyens, là il y a quelque chose à faire. Bercy doit céder un certain nombre de choses, la ministre des Armées est là pour ça. Mais là, il y a une décision qui a été prise compte tenu des 4,5 milliards à trouver qui sont le legs du gouvernement précédent. Cela réclame une étude poussée, je pense que le chef d'état-major va le faire, la ministre va le faire et tout ceci se retrouvera devant le président pour savoir si les moyens sont effectivement là pour remplir les missions.
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