: Reportage Au cœur de l'exercice AsterX : comment l'armée de l'air française se prépare à une guerre spatiale
L'armée de l'air et de l'espace a achevé vendredi 10 mars son exercice annuel de guerre spatiale AsterX, une simulation de conflit impliquant aussi bien les forces navales que l'armée de terre, l'aviation et surtout le Commandement de l'espace, créé en 2019, qui gère les satellites militaires. L'ennemi dans cet exercice est un pays imaginaire, le Mercure. Mais aussi imaginaire que soit cet ennemi, il dispose d'une force spatiale surclassant celle de la France, capable d'attaquer des satellites d'observation ou de communication. Des caractéristiques qui ne sont pas sans rappeler celles de la force spatiale de la Russie, bien réelle.
Les attaques de satellites peuvent prendre des formes variées. Le commandant Cyril en décrit une, en cours sur l'écran de la salle d'opération du commandement de l'espace, située au Centre nationale d'études spatiales (Cnes), à Toulouse. "C'est un objet qui était mort en apparence depuis plusieurs mois et qui se réactive. Il va se rapprocher de satellites stratégiques pour la force et commencer à larguer des petits satellites qui vont harceler le satellite, raconte le commandant. Ils vont tourner autour comme des insectes et ensuite ils vont adopter des modes d'action plus agressifs : du brouillage, altérer les communications avec la Terre, etc."
Bombarder sur Terre pour répondre à une attaque dans l'espace
Concrètement, cette attaque empêche les forces françaises, engagées au sol contre le Mercure, de se diriger ou de communiquer entre elles. Décision est alors prise de modifier, un peu, la course du satellite. En langage technique, dans la bouche du commandant Cyril : "bouger le satellite dans la box", la "box" étant une zone de "plusieurs centaines de kilomètres", explique-t-il. L'idée est en tout cas de trouver des parades pour contrer l'attaque.
Sauf que le Mercure en fait trop : une bonne vingtaine d'actions contre les satellites français sont répertoriées. D'où la décision par le commandement d'opérer un bombardement direct contre le Mercure : l'opération "Gravity" est lancée. "Le point de départ de Gravity, c'est une somme d'actions qui a été conduite par Mercure, auxquelles on a résisté, essayé de se soustraire, mais dont on sentait qu'elles allaient nous coincer à un moment ou à un autre", explique le colonel Guillaume Bourdeloux, chef des opérations sur cet exercice, qui alerte alors le "joint forces commander". En bon français, le Commandement pour les opérations interarmées, dirigé par le général Le Nen.
"J'ai alerté le général Le Nen à Lyon, sur le fait qu'on commençait à avoir un rapport de forces franchement défavorable dans l'espace et qu'on pouvait être potentiellement en difficulté."
Colonel Guillaume Bourdeloux, chef des opérations d'AsterXà franceinfo
L'opération de bombardement au sol n'était pas du tout prévue dans l'exercice. "Gravity consiste en un ensemble de frappes ciblées ponctuelles sur des cibles militaires en territoire mercurien sur ses centres de commandement, deux satellites et son centre de surveillance de l'espace", détaille Guillaume Bourdeloux.
Rafales et frégates lancent alors leurs missiles de croisière sur les cibles du Mercure au moment le plus opportun. Vingt minutes plus tard les satellites français passeront en effet à la verticale des objectifs. pour vérifier qu'ils ont bien été détruits.
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