Cet article date de plus de quatre ans.

Retrait de la grenade GLI-F4 : "Il faut donner à la police les moyens de disperser les groupes hostiles", avertit le syndicat des commissaires

David Le Bars était l'invité de franceinfo lundi matin au lendemain de l'annonce du ministre de l'Intérieur du retrait symbolique des grenades controversées GLI-F4.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
David Le Bars, secrétaire général du SCPN, syndicat des commissaires de la police nationale. (LP/YANN FOREIX / MAXPPP)

"Si on peut avoir une grenade de substitution qui fait moins de blessés, tout le monde en sera satisfait, mais il faut donner à la police les moyens de disperser les groupes hostiles et parfois très dangereux", a averti lundi 27 janvier sur franceinfo David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, après la décision du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner de retirer la grenade GLI-F4, régulièrement décriée par des manifestants et contestée - sans succès - jusque devant le Conseil d'Etat, pour sa dangerosité. Toutefois, ce retrait est symbolique car elle est d'ores et déjà remplacée depuis 2018 par la grenade GM2L.

David Le Bars n'a pas caché ses réserves : "Il faut qu'on puisse vérifier avec des professionnels si elle correspond à un usage pour faire face aux montées des violences."

franceinfo : L'annonce du retrait de la grenade GLI-F4 vous a-t-elle surpris ?

David Le Bars : Le contenu de l'annonce ne nous surprend pas parce qu'on savait que cette grenade n'était plus produite et qu'elle était déjà en phase de remplacement. La question, c'est de savoir quels moyens on veut donner à la police à l'avenir pour faire face aux groupes violents. Cette arme a fait des blessures, le ministre décide de la retirer, dont acte. Il faut quand même rappeler que les blessures graves qu'il faut déplorer sont pour la plupart causées par le fait que des gens irresponsables ont ramassé ces grenades pour les relancer sur les forces de l'ordre. La question, c'est de savoir si la grenade qu'on va donner aux forces de l'ordre à l'avenir et les moyens qu'on va donner à la police vont permettre à la fois de se protéger et surtout de disperser ces groupes hostiles, dans un contexte de montée des violences. Si on peut avoir une grenade de substitution qui fait moins de blessés, tout le monde en sera satisfait, mais il faut donner à la police les moyens de disperser ces groupes hostiles et parfois très dangereux.

Justement, la remplaçante de la grenade GLI-F4, la GM2L ne contient pas de TNT, mais a tout de même une composition pyrotechnique. Est-elle, pour vous, aussi efficace dans le maintien de l'ordre ?

C'est vraiment le message que je veux passer : il faut que le ministre entende les responsables et les spécialistes du maintien de l'ordre. Il faut que cette grenade puisse être testée dans des conditions de sécurité, pour voir si cette grenade est utile pour le maintien de l'ordre en France en 2020. En l'occurrence, elle n'a pas de charge explosive mais elle a, a priori, une composition pyrotechnique. Il faut qu'on puisse vérifier avec des professionnels si elle correspond à un usage, un usage restreint bien sûr, pour faire face aux montées des violences.

En quoi, d'après les données que vous avez aujourd'hui, pourrait-elle ne pas correspondre à ces besoins ?

Par exemple, la charge explosive donnait un effet de souffle, un effet "blast", et dans une foule hostile, extrêmement violente, cet effet "blast" provoque un effet de surprise et la dispersion. La GM2L, a priori si elle a une composition pyrotechnique aura le même effet sonore mais il n'y aura pas cet effet de souffle, donc il faut vérifier si elle correspond à un besoin pour les forces de l'ordre. Il faut que ça soit évidemment très encadré, mais si ça ne correspond pas aux besoins il faudra écouter les professionnels du maintien de l'ordre. Le pouvoir politique attend une seule chose : c'est que les forces de l'ordre tiennent le terrain et ramènent l'ordre une fois qu'il y a le désordre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.