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Chanel, Valentino, Jean-Paul Gautier : Les secrets de la haute dentelle s'exposent à Calais

Quatorze griffes de la mode dévoilent leur secrets lors de l'exposition "Haute dentelle" du 9 juin au 6 janvier 2019 à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais. Au total, 65 robes des plus grandes maisons sont exposées.

Article rédigé par Sophie Auvigne, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cette robe Chanel a nécessité plus de 1000 heures de travail (SOPHIE AUVIGNE / RADIO FRANCE)

Les secrets des plus grandes maisons de mode s'exposent à Calais. Jusqu'au 6 janvier 2019, 65 robes en dentelle sont présentées à la cité de la dentelle et de la mode. Au total, 14 griffes dont Valentino, Jean-Paul Gautier ou encore Chanel ont accepté de les présenter, et ont même accepté d'afficher leurs fournisseurs, d'ordinaire, l'un des secrets les mieux gardés de la mode.

C'est aussi l'objectif de l'exposition : faire sortir les dentelliers de l'anonymat, alors que l'on ne connait pas leur nom et qu'ils ils ne sont jamais cités. "Il y a une concurrence exceptionnelle et cela donne lieu à des contrats de confidentialité où on n'a pas le droit de dire avec quelle marque on travaille", explique Stéphane Plassier, directeur artistique de Darquer, la plus ancienne fabrique de dentelles de Calais. "On n'apparaît pas, comme ça personne ne vient nous chercher." Une discrétion cultivée depuis 180 ans.

Un couturier qui travaille très bien avec un dentellier n'a pas envie de le dire, comme ça il le garde pour lui. C'est un peu frustrant mais c'est la règle du jeu.

Stéphane Plassier

à franceinfo

Des milliers d'heures de travail

Mais encore faut-il savoir ce qu'est la dentelle, qu'il ne faut pas confondre avec la broderie, même si on peut superposer les 2 techniques. "Sur cette robe Chanel par exemple, je défie quiconque de me dire à première vue que c'est de la dentelle, et même à deuxième vue" s'enthousiasme Sylvie Marrot, commissaire de l'exposition. "Cette cape est faite en dentelle de la maison Solstice, rebrodée intégralement de paillettes, recouverte ensuite de plumes et de tulle déchiré. Il y a 1 012 heures de travail." Un résultat qui aurait été impossible à obtenir sans la dentelle de départ. "Quand vous regardez bien, vous voyez bien qu'il y a un motif qui guide le tout.

Car c'est la particularité de la dentelle : revue par la haute couture, tout est possible. "On peut faire tout ce qu'on veut : avoir une dentelle extrêmement légère, diaphane, transparente, ou une dentelle extrêmement lourde, de toutes les couleurs, brillante, mate, et surtout retravaillée, brodée à la main ou mécaniquement, ou retravaillée industriellement avec des effets de matière, de silicone, de métal... Seule l'imagination limite la chose."

Concurrence chinoise

Une imagination qui ne manque pas à Frédéric Rumilly. "Je me suis déjà inspiré de la nébuleuse du Cygne, ou d'une roue de voiture pour fabriquer une dentelle", raconte ce créateur de la maison Darquer. "J'en ai fait une avec le fond d'une bouteille de vin aussi : on en a vendu des kilomètres!"

En ce moment, il travaille sur la prochaine collection. Mais là en revanche, tout est gardé secret. Car la concurrence, notamment chinoise, est rude. De 230 manufactures après guerre, il n'en reste que 15 aujourd'hui à Calais et à Caudry. Elles travaillent encore sur d'énormes métiers du 19ème siècle, les leavers, dont quelques exemplaires sont à voir et à entendre juste à côté des robes haute couture.

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