"Il y a haro sur Campion" : "écœuré", Marcel Campion explique pourquoi il cesse ses activités de forain à Paris
Quatre jours après la diffusion d'une vidéo sur le site du "Journal du dimanche", dans laquelle il qualifie les homosexuels de "pervers", Marcel Campion annonce cesser ses activités foraines et se retirer du marché de Noël de Paris.
Depuis des décennies, il était "le roi des forains" de Paris. Dans un communiqué publié jeudi 27 septembre, Marcel Campion a annoncé sa décision de "cesser [ses] activités foraines personnelles" et de "démissionner de [ses] activités au sein de l'association Le Monde festif", organisatrice de l'événement "La magie de Noël", prévu aux Tuileries pour les fêtes de fin d'année. Le forain s'est confié à franceinfo sur cette décision.
Franceinfo : Pourquoi avoir décidé de cesser vos activités ?
Marcel Campion : Depuis trois ans, je suis dans une machine à broyer infernale. J'en suis à 11 contrôles fiscaux, j'ai subi des perquisitions chez moi, une enquête est menée sur le fait que je serais "un gangster" avec ma grande roue à Paris... Pour moi, c'est quand même un petit calcul particulier de quelques personnes à la mairie de Paris.
Le beau marché de Noël, qui attirait 16 millions de personnes sur les Champs-Elysées a été éliminé, il y a un "haro sur Campion".
Marcel Campionà franceinfo
Je me dégage donc de mes activités et je démissionne de mes postes. Je suis surtout écœuré. On n'arrête pas de dire qu'il faut arrêter "La Magie de Noël" [le marché de Noël, désormais organisé aux Tuileries] en disant que c'est seulement Campion, mais cet événement, ce n'est pas que Campion ! C'est aussi une association, Le Monde festif, d'une centaine de personnes... Mais puisque mon nom est dedans, cela pose problème. Donc j'enlève mon nom et j'espère que ça laissera du souffle à mes collègues.
Vous dites "haro sur Campion". Vous avez l'impression d'avoir subi des pressions pour vous retirer de vos activités ?
Ce n'est pas une impression ! Pendant vingt-cinq années, j'ai pu mettre la Grande Roue à la Concorde, et d'un seul coup j'ai dû la démonter. En pleine période d'investissement financier sur le marché de Noël des Champs-Elysées, on m'a aussi foutu dehors. Et puis les ennuis continuent : vous voyez bien qu'on a ressorti une conversation privée chez moi en disant que c'était une conversation publique, dans laquelle on m'a accusé de tenir des propos homophobes. [Le JDD a publié un enregistrement de cette séquence, qui s'est déroulée lors d'une "réunion publique" à Saint-Ouen, écrit le journal]. Donc je préfère me retirer.
Justement, cette polémique fait-elle partie des raisons qui vous ont fait prendre cette décision ?
Oui, à cause de la manière dont ça a été exploité. Trouver une vidéo vieille de neuf mois et l'utiliser... J'ai tenu des propos chez moi avec une estrade et un micro, qui ont toujours existé, mais ce n'était pas une réunion publique ! Moi, j'ai dit ça devant vingt personnes, lors d'un déjeuner entre amis. Si ces propos ont pu gêner des gens, je m'en excuse, mais j'étais sous le coup de la colère.
L'année dernière, on a dû mettre 2 000 personnes au chômage, ça n'a pas gêné grand monde… Mais dès qu'il y a une polémique, avec la presse, tout s'enflamme. Depuis quelques jours, j'ai eu des menaces, des menaces de morts, de gens qui me disent "On est homos, on va t'enterrer vivant", ça devient insupportable.
C'était une simple discussion chez moi, je m'en suis excusé, et le parcours de ma vie prouve que je ne suis pas homophobe.
Marcel Campionà franceinfo
Avez-vous des projets pour la suite, notamment pour les élections municipales de 2020 à Paris ?
C'est une autre histoire. Cela fait cinquante-huit ans que je vote à Paris, et c'est devenu une ville en chantier, dégueulasse. J'en ai discuté avec beaucoup d'amis, et je prendrai ma décision au mois d'octobre pour ça.
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