Le siècle Soulages débute à Rodez : "Un événement tout à fait unique"

"C’est la première fois que la totalité des peintures sur papier est présentée au musée, de 1946 à 2004. C’est quand même un évènement tout à fait unique", souligne Benoît Decron, le directeur du musée Soulages. Cette exposition fera date en effet. L’institution, qui possède environ un quart des peintures sur papier de l’artiste, ne les montre habituellement jamais ensemble, pour des questions de conservation. La salle d’exposition en accueille actuellement une centaine, une vingtaine d’autres sont présentées dans les collections permanentes. Toutes sont désormais protégées par des verres spéciaux.

Ces peintures sur papier occupent une place essentielle dans l’œuvre de Pierre Soulages. "Soulages dit : ‘Tout vient de là', c’est-à-dire qu’il n’aurait pas fait ces papiers, il n’aurait pas évolué dans sa technique picturale à l’huile et plus tard, à l’acrylique."

Ces peintures sur papier, en particulier dans les années 40, 46, 47, 48, 49, jusque dans les années 1950, c’est ce qui va faire la célébrité de Pierre Soulages, c’est-à-dire des signes, des formes extrêmement strictes, extrêmement austères qui le différencient totalement des autres artistes français et qui le situent tout de suite sur un niveau international avec les Américains et les Allemands.

Benoît Decron, directeur du musée Soulages de Rodez

à franceinfo

Dans la salle d’exposition, l’accrochage rend spectaculaire la présentation de cette centaine de peintures sur papier. On y découvre les premiers fusains de l’artiste de 1946, il n’y en a pas d’autres dans les collections publiques françaises, les brous de noix, le peintre est le seul à utiliser cette matière première emprunté aux ébénistes, mais aussi les encres de Chine et les gouaches. Soixante-dix ans de création, de recherche et d’inventivité et une œuvre en constante évolution. Parmi les peintures présentées, une gouache de 1973 très caractéristique du travail de Pierre Soulages.  

"On a un fond de bleu qui est préparé au lavis de bleu et puis dessus,  il y a des passages de bandes de gris à la fois verticalement et horizontalement, des croisements, donc parfois du bleu qui devient gris et vice versa. Et puis plus on avance vers le regard du spectateur, donc ce qui est passé sur le dessus du papier, toujours au pinceau, ce sont des grandes masses de noir. Ces peintures sur papier vont un petit peu préfigurer ce que va être l’outrenoir. On en a une série comme ça au musée, ils sont extrêmement rares et qui sont parmi les œuvres les plus appréciées des visiteurs", explique Benoît Decron.  

À bientôt 100 ans, Pierre Soulages continue de peindre environ 25 œuvres par an. De nouvelles peintures sur papier dorment sans doute dans le secret de son atelier.  

Pierre Soulages, œuvres sur papier, une exposition à voir au musée Soulages de Rodez jusqu’au 31 mars.