Pièce de théâtre annulée à cause de "blackface" : la Sorbonne dénonce une atteinte à la liberté de création
Lundi, une représentation de la pièce de théâtre "Les Suppliantes" a été empêchée par des manifestants dénonçant la présence de comédiens grimés en personnes noires.
Le rideau ne s'est pas levé. Lundi 25 mars, la pièce de théâtre Les Suppliantes devait être jouée à l'université de la Sorbonne, à Paris. Mais le classique du dramaturge grec Eschyle, mis en scène par Philippe Brunet, n'a jamais pu démarrer. La cause ? Une polémique avec le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), qui l'a accusé de "propagande coloniale". Ce dernier dénonce l'utilisation de "blackface" dans la pièce, où des comédiens sont grimés en personnes noires.
Lundi 25 mars, une cinquantaine de militants de la Ligue de défense noire africaine (LDNA), de la Brigade anti-négrophobie et du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) ont bloqué l'entrée de l'université pour protester contre la tenue de la représentation. "Empêcher, par la force et l'injure, la représentation d'une pièce de théâtre est une atteinte très grave et totalement injustifiée, à la liberté de création", a réagi l'université Sorbonne, mercredi 27 mars.
"Ne vous trompez pas d'ennemi"
"Les accusations de racisme ou de 'racialisme' sont révélatrices d'une incompréhension totale. Cette pièce préparée, pendant un an, par des jeunes actrices et acteurs, empêchés de montrer leur travail, porte justement sur l'accueil et le dépassement des conflits", précise l'établissement. L'université étudie toutes les possibilités pour que cette pièce puisse être jouée dans des conditions sereines.
Mercredi 27 mars, les ministres de l'Enseignement supérieur et de la Culture, Frédérique Vidal et Franck Riester, ont, de leur côté, dans un communiqué commun, condamné "fermement cette atteinte sans précédent à la liberté d'expression et de création dans l'espace universitaire, qui est contraire à toutes les valeurs académiques et aux principes républicains".
Le metteur en scène s'est aussi expliqué dès le 23 mars, face aux premières critiques. "Désolé d'avoir heurté ou blessé quelqu'un si je l'ai fait, écrit Philippe Brunet sur Facebook. Le théâtre est le lieu de la métamorphose, pas le refuge des identités. Le grotesque n'a pas de couleur. (...) Νe vous trompez pas d'ennemi. J'ai fait jouer les Perses à Niamey par des Nigériens (c'est dans le dernier film de Jean Rouch), ma dernière Reine perse était noire de peau et portait un masque blanc."
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