Justice de proximité : "De vieilles recettes remises au goût du jour, du ripolinage", selon l’Union syndicale des magistrats
Ludovic Friat, secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats, revient sur l'annonce par le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti de la création en France de 2 000 lieux dédiés à la justice de proximité
"Tout ça pour ça, ce sont des vieilles recettes remises au goût du jour", a réagi jeudi 17 décembre sur franceinfo Ludovic Friat, le secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats (USM), alors que le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti a annoncé jeudi sur franceinfo la création en France de 2 000 lieux dédiés à la justice de proximité. "Ces lieux de justice existent déjà avec les maisons du droit et de la justice", a indiqué Ludovic Friat, pour qui "il y a un effet de ripolinage. Ce qui existe déjà, on le reprend".
Quant aux délégués du procureur, qui pourront se rendre "là où l'infraction a été commise", notamment dans les quartiers, a expliqué le garde des Sceaux, le secrétaire de l'USM ne cache pas son scepticisme.
On voit parfois la difficulté pour nos services publics d’y accéder, j’ai un fort doute qu’on va réussir à installer un délégué du procureur dans les cités.
Ludovic Friatà franceinfo
"On nous a annoncé à grands renforts de tambours et de trompettes qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Si la grande réforme, c’est cette justice de proximité avec des embauches qui ne sont pas pérennes, on craint que ce soit un effet d’annonce", a-t-il déclaré.
Autre crainte exprimée par le secrétaire de l’USM : la question du budget "exceptionnel" selon le ministre de la Justice. Ludovic Friat redoute que ces moyens débloqués "soient ponctuellement donnés, concentrés sur quelques mois ou quelques années". Enfin, "ces annonces ne parlent que du pénal, la justice de proximité civile a été oubliée" a-t-il poursuivi. Quant "à la petite délinquance", évoquée par Eric Dupont-Moretti, celle qui "pourrit la vie de nos concitoyens", "c’est très bien de la traiter, mais la justice est sur tous les pieds, il faut traiter la petite grande délinquance comme la petite délinquance."
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