Les parents d'Alexia Daval publient un livre : "On ne peut pas se réveiller d'un tel cauchemar. On a pris perpétuité", témoigne son père
Quatre après la mort d'Alexia Daval tuée par son mari Jonathann, les parents de la jeune femme publient, "Alexia notre fille", un livre pour lui "rendre hommage", explique sa mère ce samedi sur franceinfo.
"J'ai besoin de parler d'elle et de lui montrer mon amour. Autrement, je vais couler", a témoigné samedi 30 octobre sur franceinfo Isabelle Fouillot mère d'Alexia Daval. Quatre ans après la mort de leur fille, tuée par son compagnon, Jonathann, les parents d’Alexia Daval publient un livre Alexia notre fille chez Robert Laffont. "On ne peut pas se réveiller d'un tel cauchemar. On a pris perpétuité", a déclaré Jean-Pierre Fouillot, le père d'Alexia.
franceinfo : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Isabelle Fouillot : En priorité, ce livre est pour rendre hommage à Alexia. Il est paru le 28 octobre. C'est l'anniversaire de la mort d'Alexia, ce 28 octobre. C'est un anniversaire très funeste et ce qu'on recherche, c'est de lui rendre hommage et comprendre ce qui lui est arrivé, ce qui nous est arrivé. Ce livre, c'est aussi pour transmettre à nos petits-enfants.
Vous évoquez dans ce livre le cauchemar que vous vivez. Peut-on sortir d'un tel cauchemar ?
Jean-Pierre Fouillot : On ne peut pas se réveiller d'un tel cauchemar. On s'endort avec le cauchemar et on se réveille avec le cauchemar. Et ça c'est tous les jours. On a pris perpétuité.
Est-ce que le procès de Jonathann Daval vous a permis de comprendre le pourquoi de la disparition de votre fille ?
Bien sûr qu'on cherche le pourquoi, mais je pense qu'on l'a le pourquoi. C'est simplement qu'Alexia avait bien vu le personnage qu'il était. Elle le dit dans des SMS. "Tu ne me donnes pas d'amour" et honnêtement, je pense qu'elle en avait ras-le-bol de lui et qu'elle voulait s'en aller.
C'est la raison de la mort de votre fille ?
Isabelle Fouillot : Tout à fait.
Jean-Pierre Fouillot : On peut que le supposer, mais on en est persuadé.
Dans votre livre, vous dénoncez la trahison de votre gendre. Réussissez-vous à vivre avec cette idée-là ?
Isabelle Fouillot : C'est a posteriori qu'on est arrivés à décortiquer ce qui est arrivé à Alexia. Comment il l'a mis sous emprise. Et nous aussi pendant les trois mois, il nous a bien mis sous emprise. Il nous semait des petits cailloux dans nos têtes pour vraiment se faire passer pour innocent et pour se faire aimer de nous et pour être notre fils. Il m'appelait maman quand même pendant les trois mois. Si ce n'est pas de la perversion.
Jean-Pierre Fouillot : Ce qu'on se demande sur cette trahison, c'est depuis quand elle a commencé, à partir de quel moment avant le meurtre ? Est-ce que cela remonte à quelques mois, quelques années ? Et en décortiquant tous ces dits, on peut supposer que la trahison commence très, très tôt.
Jonathann Daval s'est dit victime d'une femme violente. Que pensez-vous de sa défense ?
Isabelle Fouillot : Il l'a dit aux premières heures de la garde à vue. J'ai appris en direct que c'était mon gendre le coupable, et en même temps qu'Alexia avait une personnalité écrasante, que la victime n'était pas celle qu'on croyait et qu'elle méritait ce qu'elle avait subi. Je me suis dit, il refait l'histoire. Il a tué ma fille une deuxième fois. Ce monsieur est indécent. Il a insulté notre chagrin pendant quatre ans, donc c'est trop trop dur à supporter.
L'avocat de Jonathann Daval, Me Randall Schwerdorffer, redit la même chose dans un livre paru il y a 15 jours...
Isabelle Fouillot : Cela ne nous intéresse pas.
Jean-Pierre Fouillot : Ce livre, on ne le lira jamais. Ce qu'il y a dedans, peut-être que cela nous sera rapporté, mais ça nous intéresse pas. C'est donner de la publicité à ce monsieur. On ne veut surtout pas lui donner.
Comment ne pas avoir perçu la double personnalité de Jonathann Daval durant toutes années ?
Jean-Pierre Fouillot : Mais quand vous imaginez que tout va bien, quand tout baigne, quand l'amour est là, quand vous voyez vos enfants heureux, vous ne vous posez pas de questions. Nous, on est plongé dans le travail, on sait que tout se passe bien. Pourquoi se poser des questions qui n'ont pas lieu d'être? C'est vrai qu'avec le recul, on se le reproche de n'avoir rien vu. Il n'y a jamais eu un moment où on a douté de leur couple. Jamais !
Vous avez demandé Jonathann Daval de vous écrire. Pourquoi ?
Isabelle Fouillot : Je lui ai demandé qu'il m'écrive pour me dire la vérité. Et je n'ai rien reçu. Et au fil du temps, je me rends bien compte que je ne pourrais plus croire une seule fois sa parole. C'est un menteur pathologique et sa parole, on ne peut plus la croire.
Ce qui est arrivé à votre fille peut servir le combat contre les féminicides ?
Isabelle Fouillot : Complètement ! Je pense qu'il faudrait même rendre hommage à toutes ces femmes disparues sous les coups de leurs maris. Les féminicides ne diminuent pas depuis 2007. On en est toujours au même point. Dans tous les cas, rendre hommage à ces femmes. Aucune femme ne mérite de mourir sous les coups de leurs maris. Il faut le crier haut et fort.
Ecrire ce livre vous a fait du bien ?
Isabelle Fouillot : Oui, je pense que c'est une forme de thérapie. J'ai besoin de parler d'elle et de lui montrer mon amour. Toute la famille autour de nous, on a tous besoin de parler d'Alexia pour la faire exister. Autrement, je vais couler.
Jean-Pierre Fouillot : Alexia a été victime de son meurtre, mais elle n'est plus là pour en parler. Le livre qui est fait avec le producteur Thomas Chagnaud est là pour parler d'Alexia, pour parler des vérités d'Alexia.
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