Mort d'Adama Traoré : "Est-ce par vengeance qu’Adama Traoré a pris le poids de trois gendarmes sur lui, soit environ environ 250 kg ?", s'interroge l'avocat de sa famille
Dans cette demande d'acte, maître Yassine Bouzrou, l'avocat de la famile Traoré, note que l'un des trois gendarmes mis en cause a expliqué avoir reconnu le jeune homme, l'avoir déjà interpellé plusieurs fois et indiqué que "cela s'est toujours mal passé".
"Est ce par vengeance qu’Adama Traoré a pris le poids de trois gendarmes sur lui, soit environ environ 250 kg ?", s'interroge maître Yassine Bouzrou auprès de franceinfo vendredi 12 juin. L'avocat de la famille de ce jeune homme noir, mort en juillet 2016 lors d'une interpellation, vient d'adresser une demande d'acte aux juges d'instruction de l'enquête sur sa mort, pour demander que des procédures impliquant Adama Traoré et ces gendarmes soient ajoutées au dossier.
Dans cette demande d'acte, l'avocat note que lors de sa première audition, l'un des trois gendarmes mis en cause a expliqué avoir reconnu le jeune homme car il était "très défavorablement connu de (leurs) services, pour de nombreux délits". Puis, lors de sa seconde audition, le gendarme a expliqué : "Je ne peux pas vous dire combien de fois j'ai procédé à son interpellation mais peut-être trois ou quatre fois en trois ans. A chaque fois, cela s'est toujours mal passé car il y a toujours eu une opposition violente de cet individu. Il y a eu des violences, des rébellions, des outrages, des fuites".
L'hypothèse d'un "différend" entre Adama Traoré et un gendarme
"Dans ces conditions, il apparaît utile à la manifestation de la vérité d’avoir connaissance des procédures mettant en cause monsieur Traoré et dans lesquelles les gendarmes interpellateurs, et particulièrement [ce gendarme-ci] sont intervenus avant le 19 juillet 2016", argumente le conseil. Il demande donc de verser au dossier toutes les procédures impliquant Adama Traoré et ces trois gendarmes, ainsi que toutes les procédures où Adama Traoré aurait été mis en cause pour rébellion, outrage ou violences envers des policiers ou gendarmes.
Selon maître Yassine Bouzrou, examiner ces procédures permettra de savoir si Adama Traoré se rebellait en effet souvent, s'il existait "un différend" entre les gendarmes et le jeune homme et dans quel état d'esprit se trouvaient les gendarmes au moment de l'interpellation du jeune homme le 19 juillet 2016.
Il est légitime de penser qu’il existait une animosité certaine [de ce] gendarme vis-à-vis d’Adama Traoré.
Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traorédans sa demande d'acte
"Il convient par conséquent de s’interroger sur une possible volonté de vengeance du gendarme lors de l’interpellation de celui-ci le 19 juillet 2016, profitant du fait qu’elle se déroule dans un endroit clos et sans témoin", argumente l'avocat dans sa demande d'acte.
"Après quatre ans d’instruction, l’avocat de la partie civile découvre subitement des témoins capitaux à entendre et des actes essentiels à réaliser", a réagi auprès de franceinfo l'avocat du gendarme en question, maître Rodolphe Bosselut. Pour l'avocat, il s’agit "d’une volonté de faire durer artificiellement ce dossier et de le faire vivre médiatiquement".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.