: Vidéo Discriminations des jeunes à l'emploi : "Ne restez pas sans rien faire, appelez-nous", lance la Défenseure des droits
Pour Claire Hédon, ces discriminations ont des conséquences lourdes sur la santé psychologique des jeunes. Elle recommande de contacter la plateforme antidiscriminations.
Claire Hédon, Défenseure des droits, a appelé mardi 7 décembre sur franceinfo les jeunes victimes de discriminations à contacter la plateforme antidiscriminations, le 39 28, pour qu'ils puissent bien connaître leurs droits. Selon un rapport publié par ses services, plus de six sondés sur dix estiment avoir été discriminés sur leur origine, leur couleur, leur nationalité, leur apparence physique, leur genre ou même leur orientation sexuelle. Claire Hédon constate que les jeunes en général ne réagissent pas. "Ne restez pas sans rien faire. Au moins, appelez-nous", lance-t-elle.
franceinfo : Pourquoi y a-t-il plus de discriminations chez les jeunes ?
Claire Hédon : Parce qu'ils sont considérés comme inexpérimentés. Ils sont plus facilement victimes de brimades. Ils disent qu'on leur fait faire des travaux inutiles, qui ne servent à rien. Ils se sentent à certains moments humiliés. Ces jeunes, en fait, n'ont pas recours à leurs droits, c'est-à-dire que 4 sur 10 des jeunes et même 5 sur 10 quand ce sont des femmes, n'ont entrepris aucune démarche, que ce soit d'aller se plaindre d'être victimes de discriminations auprès de la personne et de l'entreprise, ou que ce soit, auprès, par exemple, d'une institution comme la nôtre. Ce point-là est très important parce qu'on arrivera à lutter contre les discriminations si ceux qui en sont victimes arrivent à se plaindre. Ce n'est pas un reproche que je fais aux jeunes. Ce n'est pas pour rien qu'ils n'y vont pas.
Quelles sont les conséquences de cette discrimination sur l'état psychologique des jeunes ?
C'est assez grave parce que du coup, les jeunes perdent confiance dans la société, perdent confiance dans cette question d'égalité qui fait partie de nos principes républicains et cela altère évidemment leur vie professionnelle, mais pas que. Cela a un impact sur l'estime de soi, sur la façon d'accéder à un logement, sur l'accès à des biens et services. Donc cela a un impact tout au long de la vie et un impact psychologique. 70% de ces victimes de discriminations disent que cela a eu un impact à la fois sur leur moral, sur leur état dépressif et dans ces 70%, la moitié d'entre eux à long terme.
Vous avez lancé en début d'année une plateforme antidiscriminations. Combien de personnes vous ont appelé tout âge confondu ?
Près de 10 000 aujourd'hui. Et surtout, ce qui est intéressant, c'est que ce sont des coups de téléphone qui sont de longue durée. Cela dure 20 minutes en moyenne. Cela veut dire évidemment qu'il y a des appels plus courts, mais aussi des appels qui peuvent durer jusqu'à 50 minutes parce que c'est un vrai échange. Ce qui est important, c'est de dire aux jeunes que nous appeler ne veut pas forcément dire que vous allez porter plainte, que vous allez saisir la Défenseure des droits. En revanche, cela va vous permettre de savoir si c'est vraiment une discrimination.
Parmi les 10 000 personnes, quelle est la proportion des discriminations avérées ?
La moitié. Un grand nombre nous saisissent d'ailleurs. Il faut dire aux jeunes aussi : ne restez pas sans rien faire. Au moins, appelez-nous. Vous verrez d'abord si c'est réellement une discrimination et quelles sont les possibilités. Dans le fait que les jeunes n'aient pas recours à leurs droits, une partie pense que ça ne sert à rien, que ça ne va rien changer, mais une partie parce qu'ils ne connaissent pas. Ils ne savent pas ce qu'ils peuvent faire et donc au moins appelez cette plateforme, le 39 28. Cela permet de savoir quels sont mes droits, qu'est-ce que je peux faire ? Et après, vous verrez si vous saisissez la Défenseure des droits. Si vous allez devant les tribunaux, il y a plusieurs possibilités.
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