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Plan loup : "Tant qu’il aura à manger, il continuera à proliférer"

En 2017, onze mille moutons ont été tués en France par le loup. Le plan loup, qui rentre en vigueur cette année, doit permettre de mieux réguler la population de ce prédateur.

Article rédigé par franceinfo - Adrien Beria
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un loup photgraphié dans le Parc du Mercantour, à Saint-Martin-Vesubie, en novembre 2012 (illustration). (VALERY HACHE / AFP)

L'année 2018 marque l'entrée en vigueur du plan loup. Il fixe à une quarantaine le nombre de loups qui peuvent être tués sur les près de 400 qui vivent en France. Ce plan facilite aussi les "tirs de défense" des bergers, pour protéger leurs troupeaux. L’année dernière, onze mille moutons ont été tués en France par ce prédateur, qui reste une espèce protégée.

Les éleveurs se sentent impuissants

Vincent Barneoud, éleveur dans le village de Saint-Martin-de-Queyrières, au sud de Briançon, a perdu cinquante bêtes l’an dernier. La dernière attaque remonte à novembre. "Ils ont séparé 200 bêtes du troupeau et sur plusieurs kilomètres, ils les ont massacrées, raconte encore choqué l’éleveur. Ils ne les ont même pas mangées. Elles ont été renversées, à moitié égorgées. Elles avaient les tripes qui pendaient et elles continuaient à marcher."

Un temps disparu, l’animal est revenu en France par les Alpes, depuis l’Italie dans les années 1990. Il attaque maintenant de jour comme de nuit malgré les bergers et leurs chiens. "Il ne faut pas sous-estimer cet animal parce qu’il est très intelligent. Il ne fait pas n’importe quoi, il s’habitude, il s’acclimate, explique Vincent Barneoud. Il n’est pas chassé, il n’a pas de prédateur. Tant qu’il aura à manger, il continuera à proliférer." Aujourd’hui, comme les autres, l’éleveur se sent impuissant face à cette menace, incapable de dire si le loup finira par s’autodétruire ou par "manger des hommes." 

Même si aujourd’hui, on nous disait : ‘il faut éradiquer le loup’, on n’y arriverait même plus.

Vincent Barneoud, éleveur

à franceinfo

Plus haut dans les montagnes, à Ceillac, le problème est le même. "Il y en a un qui en a eu 73 de tuées", raconte Monique Garnier, la mère d’un éleveur du village qui a eu, lui aussi, des brebis tuées lors de plusieurs attaques. "Un autre, le premier jour qu’il est arrivé, il a eu sept bêtes de tuées. Il a vu le loup, mais qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Lui lancer des pierres pour qu’il parte ?", s’interroge la mère de l’éleveur.

Difficile de concilier la protection de cet animal avec la sécurité des troupeaux. Le président du Parc naturel régional du Queyras essaye de tout de même de faire la synthèse. "La destruction d’une espèce n’est pas souhaitable. En revanche, il faut aller bien au-delà dans les mesures de régulation. S’il sent qu’il y a des territoires sur lesquels il n’est pas bien reçu, il cherchera naturellement à en trouver d’autres", assure Christian Grossan.

Plan loup : "Tant qu’il aura à manger, il continuera à proliférer" - reportage Adrien Beria

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