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Fuites d'eau, pannes, sous-effectif : les magistrats de Bobigny réclament "de l'argent et des hommes"

Après le cri d'alarme lancé lundi par la procureur de Bobigny, pour dénoncer les sous-effectifs et le manque de moyens, franceinfo a rencontré les magistrats qui travaillent quotidiennement au tribunal de grande instance de Bobigny.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France
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Temps de lecture : 2min
La façade du tribunal de grande instance de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. (MAXPPP)

C’est un appel au secours lancé par la justice en Seine-Saint-Denis. Lors de l’audience solennelle de rentrée du tribunal de Bobigny, lundi 29 janvier, la procureure de la République a dressé un bilan inquiétant de l’évolution de la délinquance dans ce département. Fabienne Klein-Donati a également alerté sur le manque de moyens humains et matériels dont dispose la justice pour y répondre.

Au tribunal de Bobigny, les magistrats sont unanimes : les conditions de travail sont déplorables et l'État doit intervenir.

Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) réclame plus de moyens : un reportage de Matthieu Mondoloni

Devant le palais de justice, sur le parvis de l'imposant mais vieillissant bâtiment de Bobigny, Sophie Combes, juge au tribunal de grande instance, détaille les conditions de travail des magistrats. "On a un bâtiment qui continuait à fuir jusqu'à peu avec des fontaines dans la salle des pas perdus, raconte-t-elle. On n'a pas eu de chauffage pendant quasiment un mois, en décembre. Les conditions de travail au TGI de Bobigny restent encore très compliquées."

En 2017, près de 170 000 affaires ont été traitées ici par 56 magistrats seulement. S’ils ont obtenu quelques postes supplémentaires, ce n’est pas assez pour rendre justice efficacement, selon eux. "Je crains, malheureusement, que les solutions ne soient pas très originales, confie le juge Maximin Sanson. Ce sont les mêmes que dans les Ehpad, ce sont les mêmes que dans les prisons. C'est de l'argent et des hommes."

Un ras-le-bol général

Pour Cyril Papon, greffier au tribunal de grande instance de Bobigny, ces problèmes ne concernent pas que Bobigny. Il rappelle que, lors de "la rentrée à Toulouse, ils ont annoncé qu'il leur manquait quelques dizaines de fonctionnaires et de magistrats ; à Rennes, il y a eu un mouvement la semaine dernière ; à Nancy, ça ne va absolument pas".

Selon lui, "les choix politiques" actuels "sont très clairs" et ils "ne vont faire qu'empirer la situation". Une allusion aux premières propositions présentées, il y a quinze jours, par la garde des Sceaux : Nicole Belloubet entend mieux faire fonctionner la justice sans en augmenter le budget.

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