Crise énergétique : après l'épisode du Covid, des clubs de natation se sentent à nouveau sacrifiés
Les piscines publiques sont les premières victimes des plans de sobriété énergétique. À Orléans, le bassin olympique est ainsi fermé pour trois mois. Les clubs de natation se disent en grande souffrance.
C'est un bassin flambant neuf, aujourd'hui fermé. À Orléans, le bassin extérieur de 50 m est aujourd'hui inaccessible pour une durée de trois mois. Cette décision a été prise face à l'explosion de la facture énergétique.
"Elle est un peu froide, l'eau !" En intérieur, dans le petit bassin du centre aquatique de la Source, la petite Louane est frigorifiée. Faute de place, les petits de l'école de natation sont cantonnés dans le petit bain. La fermeture du bassin olympique et sa grande profondeur ne favorise pas l'apprentissage des plus petits. "Ce n'est pas idéal pour apprendre à nager, explique une maître-nageuse. Quand ils sont dans le grand bassin, ils n'ont pas les pieds par terre. Ils ne sont pas tentés à avoir des appuis." Les enfants bougent plus dans le grand bassin et donc se réchauffent.
Une organisation presque impossible
Avec la fermeture du bassin nordique olympique, il y a huit lignes d'eau en moins pour l'Étudiant club Orléans natation. "C'est une perte de 40 %, soupire l'entraîneur principal Vincent Hurel. Nos adhérents sont donc obligés de se regrouper dans les mêmes lignes d'eau. C'est un crève-cœur".
C'est tout un département qui se retrouve impacté, rajoute Stéphane Théault, le président du club de natation : "C'est le seul bassin de 50 m de tout le département. Plus personne ne peut nager sur cette distance olympique dans tout le département."
"Il y a un risque vital pour le club. Si nous devions avoir une fermeture plus longue l'année prochaine, toute l'activité sportive du club disparaît".
Stéphane Théalut, président de l'Etudiant club Orléans natationà franceinfo
Il a fallu réorganiser tous les créneaux sur les lignes d'eau encore ouvertes. Un travail difficile, car il faut faire cohabiter les plus petits en apprentissage, les jeunes qui font de la compétition mais aussi le grand public. "Nous avons trois lignes avec un travail qui est différent selon les niveaux. Le travail est différent aussi si l'on est un sprinter ou un jeune qui nage du 400 m ou du 1 500 m."
Aujourd'hui, les jeunes ne pratiquent plus leur sport avec le même plaisir. Il faut parfois faire cohabiter 28 jeunes compétiteurs sur trois lignes d'eau dans un bassin de 25 mètres. "Pour nos entraînements, c'est moins bon, grince Amélie, jeune nageuse du club. On est à dix dans les lignes, c'est compliqué." Son camarade Valentin abonde dans ce sens : "On est beaucoup plus serrés. Dès qu'il y a de l'intensité, c'est compliqué car il faut essayer de doubler les autres sans se rentrer dedans."
La fédération rappelle l'obligation de l'apprentissage de la natation
La fermeture du bassin orléanais n'est pas un cas isolé. Selon une enquête de la Fédération française de natation auprès de ses ligues régionales, cinquante piscines sont aujourd'hui fermées ou ont au moins un bassin fermé. D'où la colère du directeur général de la Fédération Française de natation, Laurent Ciubini : "On peut se demander si c'est, aujourd'hui, normal qu'un service public soit dépendant des cours du gaz. Si on me disait que l'école était fermée car on ne pouvait plus payer la facture de gaz, je me demanderai dans quel pays on vit ! C'est pareil pour la natation."
Il faut préserver à tout prix la pratique de la natation pour le directeur général de la Fédération française de natation : "L'apprentissage de la natation fait partie des fondamentaux dans les textes de l'Éducation nationale. Si on n'a plus de piscine pour nager, on ne pourra pas apprendre grand-chose."
Avec la crise Covid, la natation française était déjà en grande souffrance. Elle a déjà perdu un quart de ses licenciés, soit près de 100 000 nageurs. S'ils reviennent, la fédération s'inquiète d'un nouveau départ face aux bassins olympiques fermés.
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