Crise énergétique : "Il est possible qu'on continue à demander des efforts", prévient Maud Bregeon, députée Renaissance
"Les Français sont en droit d'attendre que les réacteurs fonctionnent", déclare la députée Renaissance à propos des retards dans les redémarrages de certains réacteurs nucléaires.
"Il est possible qu'on continue à demander des efforts", prévient Maud Bregeon, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, sur franceinfo samedi 10 décembre. La députée et ancienne ingénieure spécialisée dans le nucléaire civil chez EDF a visité vendredi la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), aux côtés de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, et du nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont.
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Le message de cette visite était "triple", indique Maud Brégeon : "D'abord, constater que 40 réacteurs sur 56 sont désormais couplés au réseau. C'est une très bonne nouvelle parce que c'est un atout majeur pour permettre de passer l'hiver. Les réacteurs vont petit à petit être redémarrés. Il y a un planning et c'était le deuxième message : charge à EDF de tenir ses plannings." La députée rappelle qu'il y a eu des retards dans ces redémarrages. Début novembre, EDF visait en effet une disponibilité de 42 réacteurs début décembre, puis 46 au 1er janvier sur les 56 que compte le parc nucléaire français : "On ne peut pas l'accepter. EDF est une très belle entreprise de service public. Mais les Français sont en droit d'attendre que les réacteurs fonctionnent."
Des efforts demandés "d'abord aux entreprises, aux administrations et à l'État"
"Il faudra quand même continuer à faire attention, prévient la porte-parole des députés Renaissance. On a un problème sur les réacteurs, on a un problème sur le gaz du fait de la guerre en Ukraine. Donc il est possible qu'on continue à demander des efforts car, même avec le planning, on sera en-dessous de ce qu'on avait les hivers d'avant. En revanche, on va demander d'abord aux gros, parce que l'exemple doit venir du haut : les entreprises, les administrations, l'État. Il y a un plan de sobriété qui a été déployé. Et puis en deuxième lieu aux Français."
Les 40 réacteurs EDF actuellement branchés peuvent produire 39 gigawatts (GW) d'électricité en France. Le parc nucléaire français peut produire un maximum de 61 GW. Si EDF produit moins que "les hivers d'avant", c'est parce que l'entreprise a mis en place son chantier du Grand carénage. "C'est un projet qui vise à augmenter de dix ans la durée de vie des centrales", explique Maud Bregeon.
"Ce sont des maintenances qui sont beaucoup plus lourdes que celles qu'on fait d'habitude : on change les générateurs de vapeur, on fait des épreuves sur l'enceinte des réacteurs qui prennent beaucoup de temps et donc c'est normal d'avoir des maintenances qui sont plus longues et d'avoir davantage de réacteurs à l'arrêt qu'il y a cinq ou six ans."
Maud Bregeon, députée Renaissancesur franceinfo
La députée rappelle aussi qu'EDF a eu des problèmes de corrosion sous contrainte (CSC), avec 16 réacteurs touchés, dont dix sont en cours de traitement et seront tous réparés d'ici début 2023, précisait EDF début novembre. Troisième et dernière problématique liée à la filière nucléaire française soulignée par Maud Bregeon, "avec tout une filière de compétence" qui est partie à la retraite. "Toute cette génération de bâtisseurs, qui entre 1977 et 2002 ont construit et démarré les réacteurs, est partie à la retraite. Et on n'a pas suffisamment anticipé un certain nombre de recrutements", explique la députée.
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