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Le rapport de RTE sur l'énergie "permet d'avoir les termes du débat" avant la présidentielle, selon un économiste

Le rapport rendu par le gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE) lundi présente six scénarios pour atteindre la neutralité carbone. Selon un économiste, il sera "tout à fait utile" pour éclairer les débats dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle 2022.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des panneaux solaires installés par la société allemande MontanSolar sur un ancien site minier de Diesen (Moselle), le 13 juin 2021. (THOMAS LAVAUD / RADIO FRANCE)

Le rapport du Réseau de transport électrique (RTE) sur l'avenir du système à l'horizon 2050 présenté lundi 25 octobre "permet d'avoir les termes du débat" avant l'élection présidentielle de 2022, a estimé sur franceinfo Patrice Geoffron, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine et directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières. Ce rapport estime que "le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable" et présente six scenarios pour l'atteindre, avec une part du nucléaire et des énergies renouvelables plus ou moins importante.

franceinfo : Le rapport de RTE a été présenté six mois avant l'élection présidentielle de 2022. Que pensez-vous de ce calendrier ?

Patrice Geoffron : Ce qui est intéressant, c'est que ce rapport nous est proposé en début de campagne présidentielle. Il me semble qu'on n'a pas eu, par le passé, autant d'éléments sur la table qui soient issus d'une aussi longue concertation. Ce travail, de ce point de vue, sera donc tout à fait utile, comme le seront les six scénarios décrits avec – si on prend les plus extrêmes – d'un côté une part du nucléaire qui est maintenue à un niveau assez élevé, aux alentours de 50%, ou au contraire, de l'autre côté, une disparition totale du nucléaire, avec la nécessité de prendre en compte des énergies renouvelables, une partie plus ou moins importante de solaire, d'éolien sur terre ou en mer... Il y a un degré de précision qui est assez élevé et qui permet d'avoir les termes du débat.

Vaut-il mieux augmenter le nucléaire ou passer aux 100% renouvelables, selon vous ?

Dans les deux scenarios les plus extrêmes, il y a à chaque fois des paris technologiques. Pour le nucléaire, il y a des questions autour des grands réacteurs de l'EPR, dont le premier n'a pas encore été inauguré en France même si d'autres fonctionnent ailleurs. Il est question également de réacteurs de petite taille, qui à l'heure actuelle sont à l'état de projet. De l'autre côté, avec le scénario 100% renouvelables, la question est de savoir comment gérer la production intermittente, quelle sera la capacité de stockage à l'horizon 2050. Il y a également un point qui a été trop peu discuté jusqu'à présent : que vont faire nos voisins ? Les Allemands envisagent de fermer les centrales à charbon dès 2030, étant entendu que les centrales nucléaires doivent être fermées, elles, dès 2022. Plus d'un tiers de la capacité de production électrique allemande va donc fermer à court et moyen termes. Sauf que nous sommes interdépendants en Europe. Notre capacité, en France, à opter pour l'un des six scénarios qui sont sur la table dépend également de ce que vont faire nos voisins et réciproquement.

Emmanuel Macron veut faire de la France le leader de l'hydrogène vert d'ici 2030. Est-ce réalisable ?

D'ici 2030, c'est assez court. Il y a un point important, c'est qu'il y a des domaines d'activités pour lesquels on n'aura pas d'autre solution que de passer par l'hydrogène pour aller vers la décarbonation : c'est le cas de l'industrie lourde, de la chimie, de la pétrochimie, probablement en partie pour les aciéries et les cimenteries. Pour ces activités, il y a des enjeux qui sont absolument essentiels parce que, globalement, on n'atteindra pas la neutralité si on ne parvient pas à décarboner l'industrie. Par ailleurs, il y a évidemment des enjeux qui sont en train de se dessiner et autour desquels il y aura sans doute une accélération concernant le transport lourd, c'est-à-dire les poids lourds mais aussi les autobus, les bennes à ordures, les locomotives, peut-être les avions après 2035... Il y a là un grand chantier avec de très grands enjeux industriels.

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