Perte et dette record d'EDF : "C'est structurel" dans un marché de l'électricité "aux effets mafieux", dénonce la CGT d'EDF
Les pertes record d'EDF sont "totalement structurelles", à cause d'un marché de l'électricité aux "effets mafieux", dénonce vendredi 17 février sur franceinfo Philippe Page Le Mérour, secrétaire CGT au Comité social et économique central de EDF. "On est en train de mettre EDF non plus dans le rouge, mais dans l'écarlate", insiste Philippe Page Le Mérour. Le secrétaire CGT au CSEC fustige sur franceinfo le refus par les dirigeants d'EDF de répondre aux inquiétudes des syndicats dès l'été 2022.
franceinfo : EDF se relèvera-t-elle, de votre point de vue ? Cette dette n'est que passagère ?
Philippe Page Le Mérour : Non, malheureusement, c'est totalement structurel puisque même si la production nucléaire revient à un niveau correct la formation du marché de l'électricité amène par ses effets que nous pouvons qualifier de mafieux, à ce que, de toute façon, le service public aujourd'hui travaille pour la concurrence privée.
" Quand on a 43 % de la production nucléaire qui part à coût bradé pour les concurrents, à commencer par le groupe Total qui en est le premier bénéficiaire qui, lui, annonce des chiffres pharaoniques de bénéfices, on peut se demander évidemment à qui profite le crime ?"
Philippe Page Le Mérour, CGT EDFà franceinfo
On n'est pas surpris, puisque nous avions déposé un droit d'alerte économique le 14 juin 2022, non écouté, non pris en compte. Nous avions annoncé que nous allions dépasser si nous ne faisions rien 60 milliards de dettes. On nous avait regardé étrangement en regardant par la fenêtre."
Il y a tout de même aussi des problèmes conjoncturels avec ses travaux sur les réacteurs qui ont mis à l'arrêt une grande partie du parc nucléaire français l'an dernier. Ça, ce n'est que temporaire ?
Oui, mais ça démontre d'ailleurs que EDF porte seul le risque industriel pendant que ses concurrents profitent des réacteurs qui restaient en fonctionnement, et faisaient du bénéfice avec la revente de la production. Cela prouve aussi que le modèle en lui-même ne peut fonctionner et que donc il faut protéger EDF quand elle a des soucis industriels. Nous avons demandé en juin dernier à ce que nous mettions fin à la ponction décidée par la loi depuis 2010, comme quoi le service public de l'électricité doit abreuver ses concurrents avec en principe 25 % de sa production nucléaire, montée aujourd'hui à 43 % alors même que près de la moitié des réacteurs étaient à l'arrêt. Donc il y avait vraiment nécessité à nous écouter, le gouvernement a continué à tirer sur l'ambulance.
Le député socialiste Philippe Brun considère sur franceinfo que la situation est du fait de l'Etat et que donc l'Etat doit aider à éponger cette dette. Vous êtes d'accord là-dessus ?
Oui, je suis d'accord, surtout sur le fait que ça pose la question de la gouvernance de l'entreprise publique. Sur ce point, nous, on considère que ce sont les représentants de la nation, des salariés, des usagers-consommateurs qui doivent diriger cette entreprise. C'est d'ailleurs l'esprit de la loi de 1946 et pas un conseil d'administration à la botte du gouvernement macroniste et des banques d'affaires.
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