"Pour liquéfier le méthane, on va utiliser beaucoup d'énergie" : le lourd bilan environnemental du GNL
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les occidentaux cherchent des moyens de réduire leurs importations de gaz venant de Russie. Le gaz naturel liquéfié (GNL) est présenté comme une solution de repli, mais cette alternative a aussi un coût environnemental.
Pour limiter sa dépendance au gaz russe qui représente actuellement 40 % de la consommation européenne de gaz, l'Europe cherche des alternatives. L’une d’entre elles est le GNL, ce gaz naturel transformé à l’état liquide pour être transporté par bateaux depuis l’Australie, le Qatar ou les États-Unis. Pour l’heure, plus de 70% de la demande mondiale de GNL provient d’Asie. Avec l’élargissement des importations vers l’Europe, les conséquences sur l’environnement seront lourdes.
>> À lire aussi : les navires propulsés au GNL seraient plus polluants qu'il n'y paraît
Dès les premières étapes de l'exploitation du gaz naturel liquéfié, l'empreinte énergétique est plus importante que pour le gaz naturel classique. "La première chose à se demander, c’est d’où vient ce gaz et comment il est produit ?, interroge Diane Strauss, directrice du bureau français de l'organisation européenne transport et environnement. S'il vient des États-Unis, ça va être du gaz de schiste avec une empreinte environnementale plus forte. Et puis, il faut savoir que pour liquéfier le gaz, le méthane, on va utiliser beaucoup d'énergie."
Des manipulations plus nombreuses
Davantage d'énergie mais aussi de libération du méthane dans l'air, car les manipulations sont plus nombreuses pour ce gaz entre le pays exportateur et sa destination. Or, comme le souligne le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le méthane rejeté directement dans l'atmosphère est plus de 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) sur une période de 20 ans. "Ces fuites de méthane vont grever le bilan environnemental [du GNL], insiste Diane Strauss.
"Le GNL va être acheminé par voie maritime ou par camion. Et ça aussi, ça fait partie de l'empreinte climatique de ce gaz."
Diane Straussà franceinfo
Cette possibilité permettant de résoudre en partie la crise énergétique internationale actuelle liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie est une réponse à court terme pointe Inès Bouacida, chercheuse énergie climat pour l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) : "Il ne faut pas nous ça nous dévie de notre trajectoire et des vraies solutions de long terme à savoir la réduction de la demande énergétique et puis le déploiement d'énergies vertes comme les énergies renouvelables." Pour l'instant, le GNL est la principale alternative pour chauffer les maisons l'hiver prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.