: Reportage "Que l'État s'engage clairement" : au large de la Manche, les deux projets d'hydroliennes sur pause depuis la dissolution
Au large de la Manche, une ferme à hydroliennes est en train de sortir de mer. Ces machines, cousines des éoliennes, ressemblent à de grands tourniquets posés au fond de l'eau pour produire de l'énergie grâce aux courants marins. Les hydroliennes produisent des énergies renouvelables, avec deux avantages majeurs par rapport aux éoliennes et aux panneaux solaires. D'abord, elles seront invisibles, donc mieux acceptées par les riverains, et surtout, elles ne dépendent pas de la météo.
"Les hydroliennes, ce sont des machines qui ont des pales qui sont actionnées par les courants de marée", explique Guillaume Gréau, le directeur du développement d'HydroQuest. "Donc on sait exactement quelle quantité d'électricité on pourra produire, c'est une énergie complètement prédictible 365 jours par an."
L'entreprise Hydroquest veut installer six hydroliennes dans sa ferme pilote du Cotentin. Elles doivent entrer en service en 2027, après leur construction. "Pour la construction d'une hydrolienne, qui est un gros équipement, c'est comme pour un bateau parce que ça devient haut, une vingtaine de mètres", détaille sous les hautes verrières d'un chantier naval de Cherbourg, Serge Quaranta, PDG des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN).
"Tout est prêt, on sait exactement ce qu'on va faire. On est dans les starting-blocks. Maintenant, il s'est passé ce qu'il s'est passé avec la dissolution, donc on est un peu en attente."
Serge Quarantaà franceinfo
Revirement avec le futur gouvernement ?
Pour lancer la construction, les CMN et Hydroquest comptent sur un important soutien public, près de 75 millions d'euros d'aides promises par le gouvernement sortant. La filière naissante redoute un revirement avec le futur gouvernement, car c'est déjà arrivé par le passé. "J'ai le souvenir en 2018 d'un gouvernement qui semble s'engager sur la filière, on inaugure à l’époque une usine et faute de soutien de l’état un mois plus tard l'usine ferme et la filière avorte", se souvient David Margueritte, vice-président LR de la région Normandie. "J’attends que l'État s'engage maintenant clairement même si le contexte est compliqué. J’attends du gouvernement un message qui soit le plus clair possible, qu'il dise que l'hydrolienne fait partie des priorités de la France aujourd'hui parce qu'on a besoin que nos industriels puissent être confortés et que nos collectivités puissent s’engager avec une visibilité durable sur cette question." L'industrialisation de la filière permettrait la création de 6 000 emplois, d'ici 2030.
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