: Reportage Sobriété énergétique : plus petites ou synthétiques, les patinoires éphémères se réinventent
Enfiler les patins et glisser sur la glace : la patinoire est l'une des activités traditionnelles de cette période de fêtes. Mais comment préserver la joie des familles tout en limitant l'impact sur le budget et sur la planète ?
À Clichy-la-Garenne, au nord de Paris, la patinoire est en vraie glace, froide et mouillée. Mais la piste n'est pas tout à fait comme avant. "L'année dernière, elle était plus grande !", assurent de jeunes habitués. En effet, cet hiver, la glace s'étend sur 400 mètres carrés au lieu de 600 à 700 m² les années précédentes, soit un tiers de moins. Un choix assumé par la mairie de Clichy. "Pour l'eau, la patinoire va consommer sur un mois ce que consomment entre deux et trois personnes à l'année", détaille Sébastien Renault, maire adjoint chargé de la communication, l’événementiel, la transition numérique et le développement durable.
"Il faut une grosse machine, un gros générateur de froid qui va maintenir la glace. Sur l'électricité, on consomme l'équivalent de douze frigos."
Sébastien Renault, maire adjoint chargé du développement durable de Clichy (92)à franceinfo
"Aujourd'hui, les technologies permettent d'avoir des systèmes qui consomment moins d'énergie, continue Sébastien Renault. Il y a effectivement des éléments qui aujourd'hui permettent de trouver un compromis entre maintenir un équipement et limiter aussi son empreinte carbone." La location, l’installation et le fonctionnement, personnel inclus, de la patinoire représentent un budget d’environ 130 000 euros pour la ville. C’est "l’un des budgets les plus importants parmi les animations et événements proposés aux Clichoises et Clichois", conclut le maire-adjoint de la ville.
"C'est bien si vous la mettez en été aussi !"
Face aux contraintes économiques et environnementales, de plus en plus de structures se tournent vers les patinoires synthétiques. Il s'agit là de plaques en plastique, sur lesquelles on glisse avec des patins. La ville de Clichy avait opté pour cette option il y a quelques années, mais est finalement revenu à une patinoire traditionnelle, que préfèrent les habitants. Cette année pourtant, la demande est exceptionnelle : la société Glice, qui en fabrique, a reçu une cinquantaine de commandes, à la vente comme à la location, pour des communes mais aussi des événements. "Ça a été très compliqué de faire face à toutes les demandes cette année, reconnaît Thierry Keller, directeur France de la marque. Nous avions fortement produit en avance et on a continué à produire jusqu'au mois de novembre, ce que nous ne faisons jamais. La demande est en pleine explosion."
Dans les Yvelines, la ville de Trappes vient d'acheter sa patinoire synthétique, pour 92 000 euros. Une installation de 288 mètres carrés, en intérieur, qui permet à la commune d'économiser "8 000 litres d’eau et en termes d’électricité : 9 000 kWh", explique Paul Bernardet, directeur de cabinet du maire de Trappes. "Ça répond à un objectif politique qui est d'offrir des vacances agréables pour tout le monde."
"On est sur une population qui n'a pas forcément les moyens de partir en vacances, encore moins d'aller aux sports d'hiver. Donc on fait cet investissement là, mais on le fait de manière raisonnée. Et il y a un autre avantage : vous pouvez l'utiliser toute l'année, pendant plusieurs années."
Paul Bernardet, directeur de cabinet du maire de Trappes (Yvelines)à franceinfo
Pour limiter les dépenses, la mairie de Trappes a centralisé les activités à un seul endroit. Dans la halle culturelle, qui accueille la patinoire, on trouve aussi des atelier jeux vidéo par exemple, ce qui permet de ne chauffer qu'un seul bâtiment. Et vu le succès de la patinoire, Paul Bernardet ne doute pas que les habitants en redemanderont. "C'est bien si vous la mettez en été aussi !", abonde Ahmed, venu patiner avec ses copains du collège. "Dès que ça a ouvert, je suis venu", assure l'un d'eux. "Moi, c'est la quatrième fois que je viens", renchérit un autre. "Ça va, c'est 1 euro, c'est pas cher !" Et la patinoire synthétique, en sont-ils satisfaits ? "C'est pas de la vraie patinoire, mais on s'amuse quand même !" Apparemment, la "vraie patinoire", ça "glisse plus", mais les collégiens n'ont pas l'air frustrés : "Il va vous faire le show, regardez !"
Alors y aura-t-il encore une patinoire traditionnelle l’année prochaine à Clichy ? Sébastien Renault invite à la réflexion : "Je pense qu’il faut qu’on se pose la question de trouver une attraction nouvelle qui s’approcherait d’une empreinte carbone zéro. Pourquoi pas remplacer le patin par du roller ?", suggère le maire adjoint, reprenant l’idée d’autres communes. En ce mois de décembre, la ville de Vincennes (Val-de-Marne) a ainsi remplacé l’habituelle patinoire par une piste de roller.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.