Comment le conflit à la SNCM s'est corsé au fil des semaines
Les négociations démarrent lundi entre l'Etat, l'actionnaire majoritaire de la compagnie maritime et les syndicats, après deux semaines de grève marquées par plusieurs incidents en Corse.
Après deux semaines de conflit social tendu, des négociations démarrent lundi 7 juillet à la SNCM, pour tenter de mettre un terme à la grève qui touche la compagnie maritime. Mais la mission de Gilles Bélier, le médiateur fraîchement nommé pour gérer ce bras de fer, est périlleuse.
Deux heures à peine avant la réunion organisée à la préfecture à Marseille, la mairie, le conseil général et la communauté urbaine de Marseille tentaient encore de rapprocher les positions, avec une proposition de moratoire excluant toute procédure judiciaire pendant quatre mois. Retour sur ce qui coince et ce qui fait des étincelles.
Acte 1 : La troisième grève à la SNCM en 2014
Les syndicats de la SNCM ont entamé mardi 24 juin un mouvement social, le troisième depuis le début de l'année. Ils craignent un démantèlement de la compagnie maritime en difficulté.
Tous les syndicats – CGT, SAMMM, FO, CFE-CGC, CFDT, CFTC – ont appelé au mouvement, reconductible toutes les 24 heures, à l'exception du Syndicat des travailleurs corses (STC). Depuis mardi 1er juillet, et après une rencontre infructueuse avec le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, les marins CGT de la SNCM occupent le Kalliste, un navire de la Méridionale, une compagnie qui assure la liaison avec l'île de Beauté. Les traversées vers le Maghreb et la Corse sont aussi interrompues.
Acte 2 : Les syndicats et l'Etat dans une impasse
Les positions des deux parties sont aussi claires qu'irréconciliables. L'actionnaire majoritaire Transdev, qui détient 66% de la SNCM souhaite passer par le redressement judiciaire pour la compagnie maritime. Pour "bâtir un avenir stable et pérenne", la "solution passera nécessairement par une procédure judiciaire", affirme le groupe de transports dans un communiqué. L'Etat, actionnaire à 25% soutient également cette option.
Tous deux estiment que ce passage au tribunal de commerce permettrait, outre d'apurer les comptes de la compagnie déficitaire, de lever l'hypothèque des lourdes condamnations européennes - 440 millions d'euros d'amende -, principal boulet du dossier SNCM depuis 18 mois.
Mais les syndicats interprètent ce passage au tribunal comme une "disparition et un démantèlement" de la compagnie maritime. Il n'y aura pas de reprise du travail "tant qu'il n'y aura pas de garantie qu'il n'y aura pas tribunal de commerce, martèle Yann Pantel, l'un des représentants CGT. On ne va pas faire la saison tranquillement pour se faire manger à la rentrée." Les syndicats affirment aussi que les menaces bruxelloises ne sont ni réelles, ni imminentes.
Acte 3 : Affrontements entre Corses et marins grévistes
Sur le port de Porto-Vecchio (Corse), des altercations ont éclaté entre insulaires et marins grévistes de la compagnie le jeudi 3 juillet. Les représentants des organisations professionnelles et syndicales corses exigent la fin de la grève, estimant que ce blocage pourrait mettre en péril la saison touristique sur l'Ile de Beauté. Quelques centaines d'entre eux ont essayé de prendre d'assaut le Jean-Nicoli, occupé par des grévistes à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud).
Le lendemain, ils sont évacués violemment de la préfecture de Haute-Corse qu'ils occupaient à Bastia, entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire des inspections générales de la police et de la gendarmerie nationale.
Pas de quoi leur faire baisser les bras puisqu'ils se sont de nouveau réunis lundi 7 juillet devant le bâtiment pour poser un ultimatum aux pouvoirs publics : ils demandent le déblocage du Kalliste et la sécurisation d'un quai à Marseille pour permettre les rotations Marseille-Corse d'ici à mardi 18 heures. Et se sont donné rendez-vous mercredi matin devant la préfecture pour en tirer les conséquences.
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