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SNCM : Cuvillier se dit favorable au redressement judiciaire, la CGT l'attaque

Le secrétaire d'Etat aux Transports s'exprime dans un entretien à "La Provence", alors que la grève à la SNCM se poursuit depuis le 24 juin. "M. Cuvillier est un menteur et un liquidateur", rétorque la CGT.

 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un ferry de la SNCM à quai, le 4 juillet 2014 à Marseille (Bouches-du-Rhône). (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

C'est "le seul moyen pour redonner un avenir à la SNCM, faire qu'elle redevienne un fleuron". Le secrétaire d'Etat aux Transports envisage favorablement le redressement judiciaire de la compagnie maritime en difficulté SNCM, en grève depuis le 24 juin. Frédéric Cuvillier le dit dans une interview au quotidien régional La Provence samedi 5 juillet. Il précise qu'il vient d'écrire "dans ce sens" aux organisations syndicales, qui ont appelé à cesser le travail car ils craignent un démantèlement de la compagnie maritime en difficulté, après la saison estivale.

C'est la première fois que cette hypothèse est publiquement évoquée comme solution par le gouvernement, sommé par les syndicats de "clarifier" ses positions, l'Etat détenant 25% du capital de la compagnie. Frédéric Cuvillier justifie ce choix par une double "épée de Damoclès" pesant sur la compagnie : celle de la trésorerie qui "pèse sur la pérennité de l'entreprise à court et à moyen terme" et celle des "contentieux européens". La SNCM est condamné par Bruxelles à rembourser deux fois 220 millions d'euros d'aides publiques jugées illicites.

"Négocier prend du temps"

Le secrétaire d'Etat, sans appeler explicitement à la fin de la grève, demande également que "chacun se montre responsable", affirmant que la situation de la compagnie "s'aggrave de jour en jour" avec la grève et qu'il faut "éviter les surenchères". Dans La Provence, Frédéric Cuvillier évoque à ce sujet la nécessité de "financer un plan social solide, en plus des départs volontaires". Un plan de départ de 500 postes sur 2 600 a déjà été lancé.

"Négocier prend du temps et l'Etat ne peut prendre ces sommes à sa charge. Il n'a pas à le faire. Il ne peut, de toutes façons, légalement pas le faire. Cela veut dire que si l'on veut échapper aux contentieux, il faut changer l'organisation de la société. (...) Chacun doit le comprendre sereinement. Il faut donc un plan de redressement maîtrisé", explique ainsi le secrétaire d'Etat.

Il rejoint ici les positions de l'actionnaire principal, Transdev (détenu à parité par Veolia et la Caisse des dépôts), dont l'homme fort Antoine Frérot. Le PDG de Veolia préconise depuis fin février la mise sous "protection" de la SNCM, pour "la mettre à l'abri des amendes de Bruxelles".

Frédéric Cuvillier, "un menteur et un liquidateur"

En réponse, la CGT de la SNCM n'a pas hésité à attaquer le secrétaire d'Etat aux Transports. "Le redressement judiciaire, c'est un moyen de démanteler la SNCM, avec plus d'un millier de licenciements. Ce n'est pas acceptable pour nous. M. Cuvillier est un menteur et un liquidateur", a déclaré le représentant CGT des marins, Frédéric Alpozzo, au 12e jour de grève de la compagnie. "Il a fallu 12 jours de grève, précédés d'un préavis d'un mois, pour avoir ça ?", a-t-il encore lancé.

Le secrétaire d'Etat aux Transports est "passé aux aveux", a ainsi lancé Maurice Perrin, délégué CFE-CGC et représentant des actionnaires salariés au conseil de surveillance. "Si nous n'avions pas porté l'exigence de clarification et de vérité, on nous aurait caché la vérité jusqu'en octobre. C'est un procédé honteux, scandaleux", a-t-il poursuivi.

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