Alstom : quatre questions sur la décision de l'Etat de privilégier General Electric
Arnaud Montebourg a annoncé la création d'une "coentreprise" entre l'industriel français et le conglomérat américain.
C'est une "grande victoire" pour la France. Manuel Valls s'enthousiasme, vendredi 20 juin, après que l'Etat a annoncé son entrée à hauteur de 20% dans le capital de l'industriel Alstom, dans le cadre d'une alliance avec General Electric.
Quelques minutes plus tôt, lors d'une conférence de presse, Arnaud Montebourg a dévoilé la position de l'Etat, qui devait trancher entre l'offre de l'américain et celle concurrente de l'allemand Siemens, associé à Mitsubishi. En quatre questions, francetv info récapitule ses annonces.
Que compte faire l'Etat ?
Arnaud Montebourg annonce que l'Etat va devenir le principal actionnaire d'Alstom, à hauteur de 20%, pour lui permettre d'exercer ce que le ministre de l'Economie qualifie de "vigilance patriotique".
Pour y parvenir, la France devrait racheter deux tiers des parts actuellement détenus par Bouygues. Bercy a précisé que l'opération devrait se faire au prix du marché, ce qui impliquerait de verser 1,7 milliard d'euros environ au groupe. Mais selon RTL, le plan de l'Etat pourrait être compromis par un prix trop élevé.
Quelles conditions imposées à General Electric ?
Si l'Etat a finalement choisi de donner sa bénédiction à l'américain, ce feu vert est assorti de plusieurs conditions. Plutôt qu'un rachat par GE, Arnaud Montebourg annonce la constitution "d'une coentreprise spécifique française dans le nucléaire et la vapeur", avec une répartition du capital à 50-50.
Dans sa lettre au patron de GE, dévoilée par Reuters, Arnaud Montebourg plaide pour la création d'autres "coentreprises" dans "les secteurs liés à la transition énergétique : énergies renouvelables, dont l'hydraulique, l'éolien et les réseaux". Les dirigeants des activités "réseaux", "renouvelables", "vapeur" au niveau mondial et "gaz" au niveau européen devront par ailleurs résider en France.
Le gouvernement fera valoir "son droit de veto si besoin", précise le ministre de l'Economie, sachant que "50% des administrateurs seront approuvés par l'Etat". Arnaud Montebourg assure par ailleurs que la "propriété intellectuelle" des brevets français dans le nucléaire sera assurée "par une société française".
Pour finir, l'exécutif met en garde General Electric, et lui rappelle sa promesse de créer 1 000 emplois dans l'Hexagone. Si tel n'était pas le cas, le groupe américain devrait s'acquitter de "pénalités financières".
Pourquoi Siemens n'a pas été choisi ?
Au départ, Arnaud Montebourg n'avait pourtant pas fait grand mystère de sa préférence pour l'offre de l'allemand. Siemens avait finalement présenté une offre commune avec le japonais Mitsubishi Heavy Industries, s'alignant sur la promesse de GE de créer 1 000 emplois dans l'Hexagone.
Arnaud Montebourg explique que l'offre de Siemens a finalement été écartée, notamment en raison des "règles de la concurrence" de Bruxelles. "Cela a beaucoup compté", assure Arnaud Montebourg, pour qui "la Commission européenne est aujourd'hui le principal obstacle à la création de champions européens".
Que va-t-il se passer à présent ?
Arnaud Montebourg a adressé une lettre d'intention à Jeff Immelt, patron de General Electric, dans laquelle il détaille les conditions imposées par l'Etat pour cette alliance GE-Alstom.
C'est au conseil d'administration d'Alstom qu'il revient à présent de décider si le groupe entre en négociations exclusives avec GE, au plus tard lundi, date de l'expiration de l'offre de l'américain. Une réunion du CA d'Alstom était en cours vendredi soir.
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