Emmanuel Macron à Whirlpool : "Marine Le Pen l'a obligé à descendre sur le terrain" et il a eu "le courage d'y aller"
La campagne présidentielle de l’entre-deux-tours s’est cristallisée autour du site de Whirlpool à Amiens, où Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont rendus mercredi. Le spécialiste de la communication, Guillaume Jubin, analyse ces deux visites improvisées.
Batailles d'images mercredi entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron autour du site de Whirlpool, à Amiens. Les deux candidats rivaux au second tour de l'élection présidentielle se sont rendus chacun leur tour sur le site de l'usine qui doit être délocalisée en Pologne. Dans cette confrontation à distance, "il n'y a pas de gagnant et la victoire de Marine Le Pen est une victoire en trompe-l'œil. Elle était dans une communication de perturbation mais pas dans une stratégie de communication présidentielle", a analysé jeudi 26 avril sur franceinfo, Guillaume Jubin, associé de Tilder, cabinet de conseil en communication et enseignant à Sciences Po. Emmanuel Macron a lui "montré qu'il avait eu le courage d'y aller et en communication" et "cette image-là compte", selon lui. Plus largement, Guillaume Jubin estime que les deux candidats, avec une telle séquence, ne sont "pas entrés dans une stratégie de second tour".
franceinfo : L'un des deux candidats sort-il vainqueur de cette séquence de Whirlpool ?
Guillaume Jubin : Il n'y a pas de gagnant. La victoire de Marine Le Pen est une victoire en trompe-l'œil. Elle était dans une communication de perturbation, d'agitation, de coup sur le terrain, mais pas dans une stratégie de communication présidentielle. Elle est venue pour perturber Emmanuel Macron, pour l'embêter, lui mettre un caillou dans sa chaussure. À la fin, on n'en ressort pas avec l'image de quelqu'un qui est dans une dimension présidentielle. Les images peuvent être contradictoires. Emmanuel Macron a gardé jusqu'au bout la maîtrise de ce qu'il était venu faire. Marine Le Pen l'a obligé à descendre sur le terrain. Emmanuel Macron a eu raison de se rendre sur le site de l'usine. Il a montré qu'il avait eu le courage d'y aller. En communication, cette image-là et le courage physique compte. Il y avait un fort risque pour lui. La séquence qu'il avait construite juste avant avec les représentants syndicaux de l'entreprise est cependant un peu passée à la trappe.
Marine Le Pen qui improvise cette visite, Emmanuel Macron qui répond. Est-ce une nouveauté en matière de communication politique, de l'imprévu de l'improvisation ?
Aujourd'hui, il y a une attention permanente des médias, notamment des chaînes d'information continue et du web. Les deux séquences ont été retransmises en direct. Emmanuel Macron a diffusé l'intégralité de son intervention sur Facebook pour éviter qu'on ne garde que certains petits morceaux. D'une certaine manière, il a aussi maîtrisé cet outil-là. Je pense que, pour les candidats, il faut entrer dans une communication de second tour. Cela doit être une stratégie de rassemblement, une communication très présidentielle, auxquelles ne correspondait pas vraiment la séquence d'hier (mercredi, ndlr). Surtout pour Emmanuel Macron, le favori. Il doit être dans une posture de rassemblement. Il a un vrai enjeu à construire et à préparer, même pour l'après élection. Les deux candidats doivent rassembler beaucoup plus large au second tour et je pense que le meeting d'Emmanuel Macron hier soir (mercredi, à Arras, ndlr) était un bon positionnement par rapport à la suite de l'élection.
Pourquoi la campagne d'Emmanuel Macron patine-t-elle ? On a l'impression, qu'il y a un retard à l'allumage...
Je ne dirais pas que sa campagne patine. Je pense que, pour l'instant, on n'est pas entré dans une stratégie de second tour. C'est aussi le cas pour Marine Le Pen. D'une certaine manière, ce qu'a fait Marine Le Pen donne l'opportunité à Emmanuel Macron d'apparaître comme le candidat différent : celui qui la stature présidentielle et que n'aurait pas Marine Le Pen. C'est justement au moment où elle présentait son affiche de campagne, où elle voulait se montrer présidentielle que, finalement, elle y a quasiment renoncé pour aller faire de l'agitation.
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